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Un chercheur passe son temps à se tromper !
Quelle est la place de l’erreur dans le processus de recherche ?

En tout cas, un chercheur passe son temps à se tromper ! Ses premiers raisonnements sont bourrés d’erreurs. Ce n’est pas grave : il faut se lancer, puis corriger. Avec le temps, on gagne en confiance et on se trompe moins. Dans mon livre, on peut voir un bon nombre d’erreurs : soit des passages où je me plante royalement, soit des passages où on a la bonne intuition pour de mauvaises raisons. Il se trouve qu’on a juste, mais par hasard ! Ou bien encore, parfois un raisonnement faux permet de passer un obstacle, de ne pas rester bloqué et de trouver, mais bien plus tard, comment le court-circuiter. On passe son temps à se tromper dans le processus de recherche.

Comment alors sanctionner l’erreur d’un point de vue pédagogique ?

Question délicate. Je ne suis pas spécialiste de pédagogie. Mais on voit bien là aussi la différence de culture entre les deux systèmes. Mes enfants, par exemple, ont été scolarisés dans les deux. Aux Etats-Unis, on les encourageait toujours lorsqu’ils se trompaient. On leur montrait comment se relever en leur expliquant la raison de leur erreur.

En France, on leur dit : « Ce n’est pas parfait. Il y a ça qui ne va pas, ça non plus. » Je caricature à peine. Les systèmes entiers d’évaluation sont différents.


Cédric Villani

Source: http://www.philomag.com/...