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Sous le soleil de Big Brother
On a souvent voulu voir dans 1984 une parabole du stalinisme, ainsi qu’une dénonciation de la trahison des idéaux révolutionnaires par les pays totalitaires de l’Est ou d’Asie, qui ont prétendus incarner le Socialisme. François Brune montre avec brio en quoi cette interprétation est réductrice et vide le livre d’Orwell de sa profondeur et de son actualité.


Quatrième de couverture :

L’homme est un animal de pouvoir. Il se plaît à discipliner (les corps), à normaliser (les consciences), à terroriser (les âmes). A séduire pour manipuler, à surveiller pour punir, à toujours réduire l’autre pour le mettre à la merci de soi. L’homme est un animal de pouvoir collectif. C’est au sein de hiérarchies, de castes ou de classes qu’il légitime son désir d’écraser.

C’est à l’abri d’identités collectives qu’il s’offre les sombres plaisirs de l’intolérance majoritaire. C’est au coeur d’organisations, fussent-elles militantes, qu’il apprend la hiérarchie (au nom de l’Égalité) la répression (au nom de la Liberté) et la haine (au nom de la Fraternité). « On n’établit pas une dictature pour sauvegarder une révolution, on fait une révolution pour établir une dictature » (Orwell). Impérialismes et consensus se prêtent main ?forte. La « servitude volontaire » a pour secrète jouissance de prendre part à l’oppression du système. Le minoritaire qui rallie l’écrasante majorité justifie la tyrannie du nombre. Volonté de puissance et pulsion de soumission, inscrites au coeur de l’être humain, aboutissent toujours à la déshumanisation de l’homme. Face aux pouvoirs qui nous menacent, ou qui nous tentent, l’auteur de 1984 nous engage au devoir d’irréductibilité. Demeurer rebelle reste le seul moyen de demeurer humain. Relisons Orwell...



On a souvent voulu voir dans 1984 une parabole du stalinisme, ainsi qu’une dénonciation de la trahison des idéaux révolutionnaires par les pays totalitaires de l’Est ou d’Asie, qui ont prétendus incarner le Socialisme. François Brune montre avec brio en quoi cette interprétation est réductrice et vide le livre d’Orwell de sa profondeur et de son actualité. 1984 ne se limite pas une dénonciation des dictatures officielles et des tyrannies labellisées.

1984 vise tous les systèmes de domination et d’oppression, montre avec une lucidité parfois effroyable les mécanismes d’aliénation et de servitude en ½uvre dans toutes les structures de pouvoir, fussent-elles « démocratiques » et « libérales ». Si les institutions et des mécanismes socio-politiques décrits par Orwell nous semblent sans rapport avec le fonctionnement de nos sociétés occidentales, si la caricature hideuse à laquelle il recourt parfois nous donne le sentiment rassurant de ne lire qu’une fiction cauchemardesque éloignée de toute réalité, ne nous y trompons pas ! La caricature opère chez Orwell, tel un masque de Comedia del arte aux traits accentués à l’extrême, comme un révélateur de la réalité la plus subtil et la plus profonde.

La vérité montrée par Orwell n’est pas à chercher à la surface des institutions et des discours officiels de nos société « civilisées », mais au c½ur des forces en action dans la psychologie des individus et des foules, dans la logique de normalisation en ½uvre dans nos sociétés de « communication » et de « tolérance » . François Brune nous invite a passer au-delà du décor institutionnel de la fiction orwellienne, pour pénétrer la lucidité de l’½uvre et sa finesse d’analyse des processus oppressifs qui écrasent l’humain et le vide de sa grandeur. Si nous ne vivons pas objectivement sous le regard permanent de Big Brother, si nous ne ployons pas sous le joug du Ministère de la Vérité comme les personnages de 1984, l’envahissement du juridisme et du contrôle étatique qui s’introduisent toujours plus loin dans notre intimité, le conditionnement publicitaire, l’uniformisation médiatique et « culturelle »,le triomphe de l’idéologie marchande, le règne de la peur, du cynisme et de l’esprit sécuritaire nous plonge inexorablement dans l’univers d’Orwell.

Le « précis sur 1984 à l’usage des années 2000 » est davantage qu’un guide de lecture, c’est un outil de réflexion puissant pour ceux et celles qui entendent lutter contre la logique du système et contribuer à la naissance d’une société vraiment différente. Loin d’être un réquisitoire simpliste et manichéen les bons contre les méchants Orwell s’efforce de montrer en quoi le système oppressif se nourrit de nos propres tendances négatives, de nos propres aspiration au pouvoir, de notre soumission volontaire au confort de l’esclavage et de la pensé unique. Enfin, il montre comment le pouvoir instrumentalise ceux qui lui résiste, les suscite pour mieux les contrôler et faire en sorte que les « résistants » ne sortent pas de la logique du système. Une méditation incontournable pour tous les militants...

Source: http://bellaciao.org/...