Lucie-Simplice-Camille-Benoist Desmoulins, né à Guise le 2 mars 1760 et mort à Paris le 5 avril 1794, est un personnage important de la Révolution française de 1789. Il est le fils de Jean Benoît Desmoulins, lieutenant au bailliage de Guise. Le 24 décembre 1792, il épouse Lucile Laridon Duplessis. Ils eurent un fils, Horace Camille Desmoulins. Avant la Révolution
Au collège Louis-le-Grand, Camille Desmoulins eut trois compagnons, dont il fit à des degrés divers, ses amis : Louis-Marie Stanislas Fréron, Maximilien de Robespierre, Suleau. Ses études à Louis-le-Grand le marquèrent profondémment. Suite à la suppression de l'ordre des Jésuites, l'Université qui en assurait dès lors la régence axa les études presque exclusivement sur les auteurs grecs et romains. Camille Desmoulins disait lui-même:"On nous élevait dans la fierté de la république, pour vivre dans l'adjection de la monarchie et sous le règne des Claude et des Vitellius." Un autre jour, écrivant à son père, il écrivait:" Deviniez-vous que je serais un romain quand vous me baptisiez Lucius, Sulpicius,Camillus et prophétisiez-vous?"
Camille Desmoulins devient avocat le 7 mars 1785, mais il est un mauvais avocat. Il était atteint non d'un bégaiement mais d'un balbutiement. Quand il préparait ses plaidoiries, il butait sur les mots, s'empêtrait dans les phrases et, souffrant le martyre, communiquait une gène épouvantable à tout son auditoire. Hormis son discours au Palais-Royal le 12 juillet 1789, il fut un piètre orateur. Avant la Révolution, il vécut dans la pauvreté, attendant des clients qui ne venaient pas. En 1785, il devient le secrétaire de l'avocat Target pour peu de temps.
Entre 1781 et 1789, pour vivre, Camille Desmoulins composa de méchants poèmes et quelques pièces de théâtre. Il chanta Mme de La Lande, mais surtout Mme Duplessis. Il réussit à s'introduire dans la famille Duplessis grâce à ses poèmes, il y connut sa future épouse Lucile.
Avant le 14 juillet 1789, dans la France libre, il y fera l'éloge du gouvernement républicain. Dans cette brochure, il écrivait que "seule la république saurait le mieux unir les Français, mais il n'y épargnait pas la monarchie ni Louis XVI de France.
En 1788, Camille Desmoulins est nommé sur la liste des 75 commissaires députés à Laon pour préparer les élections finales, mais il ne fut pas élu. En mai 1789, il fréquente Versailles où les députés siègent au États généraux, car il lui semblait que pour conquérir Paris, il fallait être dans l'entourage de ces députés.
Le 12 juillet 1789 à la nouvelle du renvoi de Jacques Necker, il appelle au Palais Royal le peuple à manifester, ce qui aboutit à la prise de la Bastille (14 juillet 1789). En 1789, il devient le secrétaire d'Honoré Gabriel Riquetti, comte de Mirabeau pour quelques jours. Il ne cessera de s'élever contre les pouvoirs que l'Assemblée Constituante laissait à Louis XVI et notamment contre son droit de veto.
Comme Maximilien de Robespierre ou comme Jean-Paul Marat, Camille Desmoulins se battit contre la partition en deux corps politiques : les citoyens actifs et les citoyens passifs. En 1791, il entrera au Club des Cordeliers. Après la fusillade du Champ-de-Mars (17 juillet 1791, recherché par la police, Camille Desmoulins dut se cacher à Versailles puis à Bourg-la-Reine, mais avant de partir, il publia contre les "massacreurs" du Champ-de-Mars une protestation. Il garda le silence et revint à Paris en octobre 1791. Dans son discours aux Jacobins du 21 octobre 1791, il fit part de ses réflexions : son désenchantement et son pessismisme à l'égard du mouvement révolutionnaire. La fusillade du Champ-de-Mars l'avait profondément marqué et l'avait conduit à faire un large retour en arrière sur les évenements. Son analyse était entièrement différente de celle qu'il avait développée jusqu'alors dans son journal Histoire de Révolutions de France et de Brabant. Tout comme son ami Maximilien de Robespierre, il sera contre la déclaration de guerre.
Le 10 août 1792, Camille Desmoulins prit part à la prise des Tuileries en compagnie de son ami Pierre-François-Joseph Robert. Le 11 août 1792, Georges Jacques Danton nommera Camille Desmoulins secrétaire du sceau. A ce titre de secrétaire du sceau, il avait non seulement à détenir les sceaux qui légalisaient les pièces officielles, mais il devait aussi réorganiser la justice, il placera aussi à des postes des amis et des parents (comme Fouquier-Tinville, son cousin)ce qui causera sa perte. Le 6 juin 1792, Camille Desmoulins est élu député à la Convention. Il fallut deux tours de scrutin pour qu'il l'emportât. Il obtint 465 voix. Georges Danton intervint en sa faveur, il siégea avec les Montagnards. Le 21 Janvier 1793, il vota pour la mort de Louis XVI en disant cette remarque : "Je vote pour la mort, trop tard peut-être pour l'honneur de la Convention".
Une affaire dans laquelle se trouvait pris Camille Desmoulins marqua dans sa vie le début d'une rupture, sinon avec Robespierre, du moins avec les amis les plus proches de ce dernier : ce fut l'affaire Arthur de Dillon. Camille Desmoulins se prit d'amitié pour le général et perdit ses défenses, il fut le dupe d'un Arthur de Dillon qui sut lui imposer et lui enseigner que le Comité de salut public où siègeait Danton ne savait pas conduire la guerre. Ainsi "éduqué" Camille Desmoulins prendra la parole en juillet 1793 à la Convention. De ce discours, il sortira vaincu, en attaquant le Comité de salut public, il avait permis son renouvellement et joué inconsciemment le jeu de certains montagnards, comme Robespierre ou Louis-Antoine-Léon Saint-Just. Mais, bien loin de se taire, Camille Desmoulins continua à justifier Arthur de Dillon, ce qui prouva au plus grand nombre le début de sa trahison.
En septembre 1793, attaqué par des Montagnards, amis de Robespierre, Camille Desmoulins se rapprocha de Danton, mais celui-ci lui fila entre les doigts en s'absentant de Paris. Sans leader à suivre, il resta indécis, il songea un temps à disparaître complètement de la scène politique parisienne. Il demanda à être envoyé en mission, mais cela lui fut refusé. Le 5 décembre 1793, Camille Desmoulins publie le premier numéro du Vieux Cordelier. Après la sortie du numéro 3 du journal, la rupture s'accentua entre Robespierre et Camille Desmoulins. Pourtant à plusieurs reprises Robespierre qui condamnait les idées de Desmoulins essaya de sauver son ami. Camille Desmoulins fit partie du groupe des Indulgents.
Camille Desmoulins fut arrêté dans la nuit du 30 au 31 mars 1794 et incarcéré à la Prison du Luxembourg. De sa prison il écrivit une lettre à Robespierre, mais la réponse ne vint pas. Il comparut devant le Tribunal révolutionnaire les 2,3,4 et 5 avril 1794. Le 5 avril 1794, sa femme fut elle aussi arrêtée.
Arrivé sur la place de la Révolution on vit Camille Desmoulins, rapporte un témoin "l"air effaré, parlant à ses voisins avec beaucoup d'agitation et portant sur le visage le rire convulsif d'un homme qui n'a plus la tête à lui". On l'entendit crier encore "mon crime est d'avoir versé des larmes". Il monta les marches de l'échafaud en disant : "Voilà donc comment devait finir le premier apôtre de la Liberté !" Lorsque son corps bascula et que sa tête fut présentée à la lunette, on l'entendit murmurer : "Lucile". Il fut inhumé au cimetière des Errancis à Paris. Lucile Desmoulins fut guillotiné le 13 avril 1794 en compagnie du général Arthur de Dillon et de la veuve de Jacques-René Hébert.