UN PEU DE TOUT... BEAUCOUP DE RIEN
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Game of thrones
Après la saga mafieuse (Les Soprano), le polar réaliste (Sur écoute) et les drames historiques (The Pacific, Rome), la chaîne câblée HBO, mètre étalon des séries de qualité, se lançait hier dans la fantasy, genre littéraire popularisé sur papier comme sur grand écran par Le Seigneur des Anneaux. C’est encore un best-seller qui est adapté ici, Le Trône de fer de George R.R. Martin, complexe histoire de guerre, de trahisons, de territoires mythologiques et de menaces fantastiques. Pas de panique cependant : les responsables de l’adaptation parviennent, du moins dans ce premier épisode, à une certaine clarté, préférant donner vie à leurs personnages et dessiner les contours de l'histoire plutôt que de nous en mettre plein la vue.

Les enjeux généraux, qui s’entremêleront rapidement d’intrigues secondaires, sont (plutôt) limpides : sur un continent imaginaire, Westeros, le roi Baratheon règne en paix, depuis qu’il a mené la rébellion contre le roi fou Aerys II Targaryen. A la mort de son bras droit, il demande à Eddard Stark (le héros de la série, joué par Sean Bean), qui gouverne le Nord du royaume, de venir l’aider dans la capitale. Sa vie serait menacée par quelqu’un de son entourage. Au même moment, le descendant de Targaryen, lui aussi fou, prépare une guerre en s’alliant à une puissante tribu nomade au Sud, alors même qu'au Nord d’étranges créatures assoiffées de sang semblent elles aussi s’apprêter à passer à l’attaque…

On retrouve dans Game of thrones tous les éléments du genre medieval fantasy, mélange de fantastique et de récit moyenâgeux. Tourné en Irlande du Nord et à Malte, la série regorge de décors magnifiques, de somptueux costumes, de chevaux, d’épées et de châteaux. Mis en scène par Tim Van Patten, réalisateur fétiche de HBO (The Pacific, Rome, Les Soprano, Boardwalk Empire, Deadwood…), ce pilote est une merveille pour les yeux, ne laissant apercevoir que rarement ses artifices et offrant quelques séquences de toute beauté, dont une magnifique ouverture enneigée. Les fans du genre seront donc comblés. Pour autant, HBO ne renonce pas à ce qui a fait sa renommée, une narration de qualité et des personnages complexes.

Pour peu qu’on s’accommode des lourdeurs du genre – les barbares chevelus qui s’accouplent comme des animaux, les fiers soldats, les dialogues parfois pompeux –, Game of thrones offre un drame sombre aux multiples ramifications épiques, sentimentales et politiques, qui devrait satisfaire l’exigence des amateurs des séries d’HBO. Servie par un casting de qualité (Sean Bean, Lena Headey, Peter Dinklage et beaucoup d’autres), ce projet imposant, qui écrase comme on s’y attendait le passable Camelot, ne cherche sans doute pas à concurrencer l’intelligence de Sur écoute, En analyse ou Treme. C’est un grand spectacle de qualité, qui a les moyens de ses ambitions, et devrait faire date dans l’histoire de la fantasy à la télévision.