UN PEU DE TOUT... BEAUCOUP DE RIEN
";
UN PEU DE TOUT... BEAUCOUP DE RIEN
";
Loading...
Loading...

Etre homme grâce à l'inutilité
Ce qu’il y a de particulièrement humain au monde sont les activités dites inutiles. Cette inutilité se distingue de tout ce qui concourt à la préservation de l’être. Est utile ce qui permet de se maintenir. Est utile ce qui n’est pas une fin en soi, c’est-à-dire quelque chose qui autorise un état, lequel est comme un point de départ pour autre chose. Les besoins physiologiques, psychologiques et sociaux sont constitutifs de cette utilité. Se nourrir comme travailler, y compris si la nourriture est des plus raffinée ou le travail des plus complexes, s’inscrivent dans une dimension utilitaire. Alors à quoi peut bien servir ce qui est inutile ? A rien, sauf à être un peu plus humain, ce qui est bien ici une fin en soi. Attention, je ne parle pas de ce qui est inutile au sein de ce qui l’est, comme une tâche par exemple dont le résultat s’écarte totalement de l’objectif inhérent à l’ensemble. Cette inutilité est plus de l’inefficacité qu’autre chose. Mon propos concerne exclusivement ce qui ne satisfait à aucun besoin, d’où le qualificatif d’inutile, mais répond à une et une seule nécessité : l’humanité. Autrement dit, je pense à la culture désintéressée, celle qui n’a aucun objet si ce n’est un accomplissement sur un plan spirituel. Cette culture n’a rien en commun avec l’industrie que l’on présente fallacieusement comme culturelle, animé par un intérêt mercantile en convertissant des objets à la base culturels en produits de divertissement. Cette culture n’est pas non plus celle que l’on emploie pour se démarquer des autres, en cherchant avec elle à se positionner vis-à-vis d’autrui ; elle n’est pas du snobisme. La culture, dont j’essaie d’en faire l’écho, n’a aucun autre effet qu’elle-même. Elle est un approfondissement de l’esprit et en cela elle est infinie. En donnant la perspective d’une démarche non déterminée et sans technicité, l’inutilité la sert. Le seul service que rend cette dernière à la culture est peut-être pour chacun le plus important de tous : être homme.