UN PEU DE TOUT... BEAUCOUP DE RIEN
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Procrastination : demain j'arrête !
La procrastination, c’est le fait de toujours repousser au lendemain des choses importantes, de toujours trouver mieux à faire que les dossiers urgents ou les activités pour lesquelles on s’était engagé. Tout le monde procrastine plus ou moins, mais parfois cela devient un véritable handicap dans la vie professionnelle et personnelle. Le point sur ce problème et les moyens d’en sortir.

"Oui Docteur, je vais me mettre au sport… demain" "Le rapport que je devais rendre hier ? Juste au moment de m’y mettre, je me suis dit qu’il fallait d’abord ranger le bureau... et ça m’a pris tout mon temps…"… Nous avons tous toujours les meilleures raisons du monde de repousser des échéances dans notre vie. Car notre quotidien est souvent un enchaînement de priorités à gérer. "Tout le monde procrastine, sans que l’on soit obligé de changer de comportement : regardez Gaston Lagaffe" ironise Cécile Defrance, psychologue comportementaliste. Mais si les personnages de bandes-dessinées s’en sortent bien, dans la vraie vie la procrastination peut parfois nous faire perdre notre boulot, passer à côté de l’âme soeur ou même menacer notre santé.

Tous les domaines de la vie

Dans le milieu professionnel, la procrastination est une véritable habitude. Mais attendre le dernier moment pour travailler dans l’urgence, ça ne veut pas forcément dire procrastiner ! En effet, on peut avoir besoin du stress de l’urgence pour être efficace. Tant que l’on tient ses deadlines et que l’on atteint ses objectifs, il n’y a pas de problème. La vraie procrastination est celle qui va avoir des conséquences négatives, un impact professionnel important.

Dans la vie affective et personnelle, la procrastination va prendre la forme de difficultés à effectuer les tâches de la vie courantes : "je changerai les draps la semaine prochaine"… Le fait de rater l’échéance des les impôts est classique : "Je connais des gens qui tous les ans paient 10 % de pénalités… moi-même je renvoie la déclaration toujours au dernier moment !" souligne Cécile Defrance.
Les étapes de la procrastination

La procrastination suit souvent le même schéma, avec des étapes définies :
  • Vous devez faire quelque chose, qui ne vous attire pas plus que cela, mais dont vous retirerez un bénéfice ;
  • Vous reportez un e première fois sans raison valable (il fait beau aujourd’hui, je commencerai demain) ;
  • Vous constatez le problème car vous n’avez pas fait ce que vous aviez à faire ;Vous continuez à reporter malgré tout ;
  • Vous vous en voulez mais vous trouvez a posteriori des excuses ;
  • Vous reportez encore ;
  • Vous finissez par faire la tâche.. ou parfois vous ne terminez jamais ;
  • Dans tous les cas, vous vous sentez coupable et vous vous jurez de ne plus procrastiner ;
  • Vous recommencez.


  • Je procrastine un peu, beaucoup…

    Si vraiment la procrastination est un véritable handicap, que vous ne supporter plus, vous pouvez commencer par aller voir un psychologue, qui va non seulement évaluer votre trouble. Différentes échelles vont permettre de vous rendre compte de tout ce que vous repoussez quotidiennement, et des mécanismes en cause. Par exemple, certains disent qu’ils n’ont pas le temps de tout faire, qu’ils sont débordés. On peut alors leur proposer un relevé de temps. Et souvent on se rend compte que le problème est surtout lié à une perception erronée des durées, toujours minimisées. Pour Cécile Defrance, "il y a en effet un décalage entre le temps évalué et la réalité. La personne pense qu’elle en a pour une demi-heure à se rendre à une réunion, qui ne durera pas plus d’une heure… alors trajets et réunion lui prennent deux fois plus. Elle aura beau essayer de planifier sa journée, elle ne pourra jamais tenir les délais et sera toujours obligée de repousser. Là le travail est de recaler la perception du temps."

    J’ai un joker

    Mais dans d’autres cas, la cause n’est pas la perception erronée du temps. Il peut s’agir d’échéances trop floues, qui en restant vagues n’incitent pas à agir…. Jusqu'à ce qu’elles soient passées ! Le travail du psy est alors d’aider à poser toujours des échéances précises pour les différents objectifs. Le psychologue peut aider aussi à démasquer les "jokers", c’est-à-dire les activités qui sont toujours valables et qui permettent d’éviter la tâche. "Par exemple, vous devez écrire un article, et en vous mettant à votre bureau, vous vous dites que vous ne pouvez pas travailler dans un désordre pareil et vous rangez pendant le reste de la journée au lieu d’écrire" souligne Cécile Defrance. La télévision est un bon joker...

    Pour sortir de la procrastination, il faut également agir sur la motivation, et notamment travailler sur les "pensées dysfonctionnelles" : en clair les idées reçues qui vont bloquer l’action : "ils vont me trouver nul", "je ne suis pas du matin…"

    Attention, parfois la procrastination chronique peut masquer une dépression. Dans ce cas, on a tellement envie de ne rien faire que l’on remet tout à demain. Une prise en charge adaptée est alors indispensable.
    Les idées simples pour en sortir

    Quelques trucs peuvent aider à se sortir de la procrastination :
    Se fixer des échéances claires ;
  • Ne pas sous estimer le temps nécessaire aux différentes tâches ;
  • Se donner des objectifs réalistes : "Méfiez-vous des éléphants lointains, souligne Cécile Defrance. Ils ont l’air de tout petits points gris à l’horizon jusqu'à ce qu’on soit juste devant !" ;
  • Dans tous les cas, fixez-vous une règle : pas plus d’un seul report ;

    Anticipez les obstacles.

    En pratique, vous pouvez essayer de vous donner des plages horaires de 5 minutes pour faire une tache, en arrêtant tout le reste. Et vous pouvez la reconduire. Autre technique : découpez votre tâche en toutes petites unités plus faciles à réaliser. Par exemple, pour ranger la chambre : commencez par ranger l’armoire du fond un jour, puis la commode le lendemain…. L’important c’est d’initier l’action. "N’hésitez pas à vous faire aider par l’entourage et n’oubliez pas de récompenser chaque petite victoire" souligne la psychologue. Et n’oubliez pas, "il sera trop tard demain" !