Complément à Boulevard de la mort de Tarantino dans le cadre du double programme Grindhouse, Planète Terreur repose la question du cas Robert Rodriguez. Côté pile, c’est l’homme-orchestre (scénariste, monteur, directeur photo, compositeur) qui enfile les films sympathiques mais oubliables, pros mais consciemment fauchés, avec une touche latino sous acide. Avec son tueur mexicain prolo (pendant rustaud de Desperado), la fausse bande-annonce Machete offerte en ouverture de Planète Terreur (et seule survivante de ce côté de l’Atlantique des bandes-annonces factices figurant dans le double programme d’origine) résume parfaitement cet aspect. Côté face, Rodriguez serait un peu un Michael Powell du film de genre, cherchant la fusion avec un partenaire, un “frère” artistique, trouvé en la personne de Tarantino (plus hamburger qu’Emeric Pressburger), qui squatte ses films : acteur-scénariste d’Une nuit en enfer ou réalisateur d’une scène de Sin City.
Sur le papier, le cahier des charges est le même que dans Boulevard de la mort : hommage aux films de genre (ici, entre autres, aux morts-vivants de Romero, à l’héroïsme las et à la musique façon John Carpenter) et faux “défauts” (pellicule rayée, bobine manquante). Beaucoup moins conceptuel et godardien que Tarantino, Rodriguez assume cette récréation/recréation avec efficacité et tout le Grand-Guignol requis (surtout lorsque l’un des personnages se promène avec un bocal rempli de testicules). A la fois plus dispersée (il y a beaucoup de protagonistes) et plus resserrée que l’attentiste Boulevard de la mort, son apocalypse zombie suscite le choc et l’effroi – mais dans la bonne humeur – avec ses chairs décomposées et ses corps qui éclatent. C’est le meilleur compliment à faire au film.
Mais comme dans le Tarantino, la surprise vient encore une fois du sexe dit faible. A la place de la bande de filles en goguette, on trouve dans Planète Terreur une société menée par les femmes (forcément armées et dangereuses). Les plus belles trouvailles visuelles du film, à la fois sexy, morbides et poétiques, résident d’ailleurs dans ses héroïnes : une doctoresse cachant des seringues sous sa jupe et qui – les doigts brisés – évoque une mante religieuse, ainsi qu’une strip-teaseuse avec une mitrailleuse en guise de jambe artificielle. Seul problème : leur fétichisation maniaque a un air de déjà-vu, comme si elles s’étaient échappées de Kill Bill.
C’est là que Planète Terreur donne l’impression d’être parasité plus que de raison, avec l’accord de Rodriguez, par Tarantino (qui apparaît en violeur cinéphile, forcément). Mais lorsque la strip-teaseuse emploie sa technique de lap-dance pour décimer des zombies, on pardonne à Quentin Tarentino : sa manière généreuse de faire des petites gens (cuisinier, baby-sitters jumelles, bras cassés et amputée chez Rodriguez) des héros bigger than life contamine joyeusement ce film bicéphale et parfaitement estival.
Complément à Boulevard de la mort de Tarantino dans le cadre du double programme Grindhouse, Planète Terreur repose la question du cas Robert Rodriguez. Côté pile, c’est l’homme-orchestre (scénariste, monteur, directeur photo, compositeur) qui enfile les films sympathiques mais oubliables, pros mais consciemment fauchés, avec une touche latino sous acide. Avec son tueur mexicain prolo (pendant rustaud de Desperado), la fausse bande-annonce Machete offerte en ouverture de Planète Terreur (et seule survivante de ce côté de l’Atlantique des bandes-annonces factices figurant dans le double programme d’origine) résume parfaitement cet aspect. Côté face, Rodriguez serait un peu un Michael Powell du film de genre, cherchant la fusion avec un partenaire, un “frère” artistique, trouvé en la personne de Tarantino (plus hamburger qu’Emeric Pressburger), qui squatte ses films : acteur-scénariste d’Une nuit en enfer ou réalisateur d’une scène de Sin City.
Sur le papier, le cahier des charges est le même que dans Boulevard de la mort : hommage aux films de genre (ici, entre autres, aux morts-vivants de Romero, à l’héroïsme las et à la musique façon John Carpenter) et faux “défauts” (pellicule rayée, bobine manquante). Beaucoup moins conceptuel et godardien que Tarantino, Rodriguez assume cette récréation/recréation avec efficacité et tout le Grand-Guignol requis (surtout lorsque l’un des personnages se promène avec un bocal rempli de testicules). A la fois plus dispersée (il y a beaucoup de protagonistes) et plus resserrée que l’attentiste Boulevard de la mort, son apocalypse zombie suscite le choc et l’effroi – mais dans la bonne humeur – avec ses chairs décomposées et ses corps qui éclatent. C’est le meilleur compliment à faire au film.
Mais comme dans le Tarantino, la surprise vient encore une fois du sexe dit faible. A la place de la bande de filles en goguette, on trouve dans Planète Terreur une société menée par les femmes (forcément armées et dangereuses). Les plus belles trouvailles visuelles du film, à la fois sexy, morbides et poétiques, résident d’ailleurs dans ses héroïnes : une doctoresse cachant des seringues sous sa jupe et qui – les doigts brisés – évoque une mante religieuse, ainsi qu’une strip-teaseuse avec une mitrailleuse en guise de jambe artificielle. Seul problème : leur fétichisation maniaque a un air de déjà-vu, comme si elles s’étaient échappées de Kill Bill.
C’est là que Planète Terreur donne l’impression d’être parasité plus que de raison, avec l’accord de Rodriguez, par Tarantino (qui apparaît en violeur cinéphile, forcément). Mais lorsque la strip-teaseuse emploie sa technique de lap-dance pour décimer des zombies, on pardonne à Quentin Tarentino : sa manière généreuse de faire des petites gens (cuisinier, baby-sitters jumelles, bras cassés et amputée chez Rodriguez) des héros bigger than life contamine joyeusement ce film bicéphale et parfaitement estival.