Contrairement aux hommes et aux autres homéothermes qui maintiennent une température corporelle constante, les moustiques sont des animaux ectothermes. La température de leur corps varie en fonction des conditions extérieures : s’il fait trop chaud ou trop froid, l’insecte peut subir des dommages.
Et les moustiques femelles qui se nourrissent de sang subissent à chaque repas un choc thermique puisqu’une quantité importante de liquide plus chaud que leur corps remplit leur abdomen. Comment font elles pour supporter cela ? Des chercheurs du CNRS ont étudié le phénomène et ont constaté qu’à chaque repas sanguin il se produisait une synthèse rapide de protéines de choc thermique destinées à protéger l’intégrité cellulaire des moustiques.
De plus, dès que leur température augmente, les moustiques émettent très rapidement par l’anus une gouttelette de fluide composée d’urine et du sang que l’insecte est en train d’ingérer et la retiennent. En contact avec l’air, elle va s’évaporer et refroidir, ce qui va permettre également à l’abdomen du moustique de baisser en température. Ce mécanisme, appelé « evaporative cooling », est favorisé par la posture typique de ces moustiques qui se posent sur l’hôte tout en maintenant relevée l’extrémité postérieure de leur corps.
Image thermographique d’une femelle d’anophèle en train de s’alimenter sur une personne. La trompe et la tête du moustique restent relativement chaudes (rouge), tandis que l’abdomen reste plus froid (jaune, vert). La goutte émise par l’insecte (bleue) s’évapore et perd de la chaleur en refroidissant ainsi le corps du moustique. Chloé Lahondère.
Dans la revue Current Biology, les chercheurs expliquent qu’ils ont mené leurs recherches sur des anophèles femelles, les moustiques porteurs du paludisme. Ils estiment que leur découverte peut constituer une piste de recherche dans le contrôle de la transmission de cette maladie. Bloquer cette stratégie de « cooling » pourrait provoquer des dommages physiologiques aux moustiques et aux éventuels parasites qu’ils transportent. Des travaux supplémentaires seront nécessaires avant de savoir si cette piste est exploitable.