UN PEU DE TOUT... BEAUCOUP DE RIEN
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Cette phrase est la conclusion marquante d'un essai philosophique intitulé Le mythe de Sisyphe. Au premier abord, elle apparaît comme contradictoire: Sisyphe, pour avoir osé défier les dieux, fut condamné à pousser une pierre dans le tartare qui retombait éternellement. Ainsi, il ne peut jamais parvenir à son sommet et le châtiment divin est pérenne. Il est donc assez difficile de l'imaginer heureux.

Toutefois, loin de cette interprétation très littérale, Sisyphe est pour Camus l'incarnation même de l'absurdité de la vie humaine. L'homme est un être épris de sens, mais il ne parvient jamais à l'essence des choses. Ainsi, si la mort lui fait peur, il ne réussit jamais à la saisir entièrement, quand bien même il aspirerait à une telle chose. La situation est insurmontable car l'homme cherche une raison dans le monde qu'il ne trouvera nulle part ailleurs si ce n'est en lui. En outre, l'homme doit, selon Camus, prendre exemple sur Sisyphe en refusant de se créer un au-delà religieux qui n'est rien d'autre qu'un avenir illusoire. Le suicide n'est pas pour autant souhaitable, l'homme doit se confronter à son existence et pour cela, il faut adopter un esprit de révolte qui reste conscient de l'absurdité insoluble de la vie. C'est seulement dans cet état d'esprit que l'homme peut atteindre une joie lucide, peut-être terne, mais véritable. C'est au coeur de ce destin accablant mais assumé que nous pouvons nous enivrer de la vie.

Que l'on soit un ouvrier affecté à des travaux répétés ou une femme au foyer soumise à des travaux ménagers insignifiants, l'espoir d'une vie heureuse ne dépend que de nous, quand bien même ce bonheur serait paradoxal et s'inscrirait dans un monde où la condition humaine se réduit à la répétition du même geste. On trouvera cette conception de la vie chez Malraux notamment qui disais que la vie ne valait rien mais que rien ne valait la vie.