UN PEU DE TOUT... BEAUCOUP DE RIEN
";
UN PEU DE TOUT... BEAUCOUP DE RIEN
";
Loading...
Loading...

De l'utilité supérieure des médiocres
« Mais dites-moi, monsieur Challe, pourquoi êtes-vous peintre ? Il y a tant d’autres états dans la société où la médiocrité même est utile » (Diderot, Salon de 1763). L’attaque est drôle, mais injuste. D’abord, nul ne peut savoir s’il sera médiocre dans un art tant qu’il n’a pas essayé, ni s’il est destiné à le demeurer tant qu’il n’a pas persévéré. Ensuite, en peinture comme ailleurs, les médiocres composent le fond nécessaire pour que l’exceptionnel apparaisse comme tel et se détache ; ils donnent de l’éclat, par contraste, à des rivaux plus talentueux : ce n’est pas inutile. Enfin, vouloir que tous les adeptes d’une activité occupent le premier plan est absurde. Que les laboratoires de recherche aient tous le label « laboratoire d’excellence », et une hiérarchie s’installera forcément entre les « plus excellents » et une majorité de « médiocrement excellents » !
Le fait qu’une ½uvre nous paraisse médiocre n’ôte pas à celle-ci toute raison d’être. Si nous n’affrontions jamais d’½uvres médiocres, nous ne saurions pas en percevoir d’autres comme supérieures et nous enthousiasmer pour elles, nous serions gagnés par l’indifférence. Sans les médiocres, pas de génies...