Cabu, Charb,Tignous, Wolinski : qui aurait pu prédire que ces quatre noms, associés dans la mort, nous feraient un jour pleurer, seulement pleurer ?
Cabu, Charb, Tignous, Wolinski : chacun ses symboles. Chacun ses écroulements intérieurs. Comment, au milieu de la réprobation mondiale, que tympannisent les chaînes d'info, comment exprimer ce sentiment, de vivre un 11 Septembre intime ?
Comment dire aussi cette certitude qu'il y aura un avant et un après ? Comment dire qu'une ligne est tracée, qui ne s'effacera pas ? On pouvait discuter les dessins de Charlie Hebdo. On pouvait discuter beaucoup de choses. On pouvait estimer que les dessins de Charlie flirtaient parfois avec l'islamophobie. On ne s'en est pas privés ici. On ne le regrette pas. Ces débats étaient légitimes, nécessaires. Mais, quels que soient ses auteurs, que l'on ne connait pas encore, une ligne vient d'être tracée. Quiconque ne partagera pas sans réserve l'horreur du carnage de ce matin sera tout simplement, désormais, un ennemi.