UN PEU DE TOUT... BEAUCOUP DE RIEN
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Donner sa langue au chat
D'où vient cette expression capillotractée?

Une origine qui trouverait son nom chez celui d'une certaine Mme de Sévigné, maîtresse des badineuses et reine des épistolières. L'expression n'aurait pas pu naître en effet entre de meilleures mains. Ou du moins concernant notre expression, dans une meilleure bouche. Georges Planelles narre l'histoire de cette création linguistique dans son livre Les 1001 expressions préférées des Français. En réalité, nous explique l'auteur, le dicton n'est pas tout à fait né sous la plume de la charmante mondaine. Il a été inspiré d'une expression retrouvée, entre autres, chez l'écrivaine. Elle qui ne tarissait pas d'expressions animales pour qualifier ses admirateurs... Le CNRTL note notamment son usage du terme affectif «mon petit chat» dans ses Lettres.


De Mme de Sévigné à George Sand

«Auparavant, on disait ‘Jeter sa langue aux chiens'», écrit l'auteur. L'expression servait à représenter métaphoriquement à son interlocuteur les restes que l'on jetait aux canidés et par extension «ce qui n'a pas de valeur». «Leur jeter sa langue, c'est leur abandonner l'organe de la parole» et par conséquent indiquer que l'on renonce à trouver la solution du problème.
Qu'en est-il alors de ce transfert du chien au chat? La réponse que donne l'auteur ne manque, pour ainsi dire, pas de chien. Georges Planelles fait en effet remonter ce revirement au XIXe siècle. Et plus précisément chez une certaine Aurore Dupin alias George Sand. «Mettre quelque chose dans l'oreille du chat», ainsi que le rappelait l'écrivaine, «c'était lui confier quelque chose qui devait rester secret, oublié.» Plus attentif et à même d'écouter les secrets de ces maîtres, le chat était ainsi représenté comme le gardien des secrets et par définition, comme l'animal au silence d'or, qui sait tout.
Ainsi que l'écrivait E. de Goncourt dans Charles Demailly «Une fois, deux fois, trois fois, donnez-vous votre langue au chat?», en 1860, l'expression «donner sa langue au chat» a permis de réunir en une locution l'idée d'une langue déficiente et le besoin de s'en remettre à l'autre pour découvrir la clef du problème.

Voilà donc une expression qui malgré le dicton est bien comme chien et chat!