Dans les studios d’Hollywood, deux tueurs à gage s’avancent discrètement, l’arme au poing. Leur cible : l’acteur John Wayne. Scénario de western ou film de guerre ? Pas du tout. Nous sommes en 1951 et les deux sbires sont des barbouzes en service commandé pour le compte de Staline ! Car oui, à l’époque, le « petit père des peuples » en veut à mort à la star américaine.
L’origine de cette haine remonte à 1949
Staline, fan de cinéma – il admire Chaplin et se passionne pour Tarzan et son acteur, Johnny Weissmuller –, découvre alors John Wayne, par l’intermédiaire d’un réalisateur russe, Sergei Gerassimov. Ce dernier, de retour d’une conférence internationale sur la paix dans le monde à New York, raconte au dictateur soviétique qu’il a été pris à partie par un certain John Wayne. Le « Duke » n’a pas hésité à critiquer publiquement Staline et le parti communiste. En ce début de guerre froide, les Etats- Unis sont en pleine chasse aux sorcières, menée par le sénateur McCarthy.
A Hollywood, de nombreux réalisateurs, acteurs ou techniciens soupçonnés de sympathie communiste sont licenciés. Cette purge est menée dans l’industrie du cinéma par la Motion Picture Alliance pour la préservation des idéaux américains, une association présidée par… John Wayne en personne ! La star du Massacre de Fort Apache et de La Chevauchée fantastique devient logiquement la bête noire de Staline, qui donne l’ordre de l’éliminer. « John Wayne était beaucoup plus subtil qu’une bombe atomique, mais tout aussi létal, selon Staline », affirme Michael Munn, l’historien britannique spécialiste du septième art et auteur d’une biographie consacrée au célèbre cow-boy.
Début 1951, deux agents du KGB, des Ukrainiens immigrés à Los Angeles, se font passer pour des policiers et trompent la sécurité des studios Warner. Ils exigent d’être conduits de toute urgence auprès de Wayne pour le protéger d’une menace imminente ! Mais les espions sont repérés par le FBI, qui les capture en douceur. La vedette, alertée, veut leur donner une bonne leçon : il rêve d’emmener les tueurs sur une place de Californie pour simuler leur exécution en public ! Les fédéraux, eux, préfèrent « retourner » les espions pour en faire des agents-doubles.
Fin du film ? Non, Staline est tenace !
En 1953, une autre cellule communiste prépare un attentat contre le Duke. Cette fois-ci, il doit avoir lieu au Mexique, pendant le tournage du film Hondo, l’homme du désert. Tout est prêt… quand survient la mort du leader communiste, le 5 mars 1953. Son successeur, Nikita Khrouchtchev, met fin illico à cette vendetta. Pour une raison simple : il est un grand admirateur de John Wayne. Ouf !
Une décennie plus tard, c’est au tour de la Chine de Mao de s’en prendre à l’acteur. En juin 1966, en pleine guerre du ViêtNam, alors que John Wayne soutient l’intervention militaire américaine, l’acteur rend visite aux GI. Il est pris pour cible par un sniper du Viêtcong près de Saigon. Mais comme dans ses films, le Duke s’en tire sans une égratignure