UN PEU DE TOUT... BEAUCOUP DE RIEN
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The Expanse est un chef-d'oeuvre de la science-fiction
En 2018, après trois saisons, la série de science-fiction The Expanse était annulée par SyFy. Peu de temps après, et alors que les fans s’étaient mobilisés en masse sur les réseaux sociaux, Amazon Prime a racheté les droits. Et heureusement : cette saison 4, accessible en intégralité ce 13 décembre 2019, est une consécration pour la science-fiction sur petit écran.

Pour éviter de vous divulgâcher la saison, cet article ne rentrera pas dans les détails de l’intrigue au-delà des grandes bases sur lesquelles elle démarre.

Cette nouvelle saison nous récupère peu de temps après les événements de la saison 3. Ce premier épisode est effréné, il dégage un sentiment d’urgence, celui de mettre l’intrigue en place autant qu’à nous en mettre plein les yeux. Cette entrée en matière est réussie : il ne faut pas plus de quelques minutes pour être captivé à nouveau par The Expanse. La série poursuit sur le rythme intense auquel elle nous a habitués depuis sa saison 2 : un début coup de poing, puis une lente montée en puissance jusqu’à la mi-saison, moment à partir duquel les rebondissements s’enchaînent jusqu’à la fin. Pas une seule scène ne s’avère en soi inutile, chaque moment apporte ses ingrédients à l’intrigue.

On retrouve, avec plaisir, des personnages qui franchissent encore un cap de complexité humaine au fil de ces nouveaux épisodes. Bobbie est définitivement la plus fascinante d’entre eux. La voilà de retour sur Mars, où elle est revenue volontairement affronter la cour martiale et le déshonneur, après sa trahison. Toujours aussi badass au combat et forte psychologiquement, elle reste fidèle coûte que coûte à sa planète. Sur Terre, elle est pourtant considérée comme une héroïne de guerre et elle est une invitée de marque quand elle est reçue à l’ONU. D’ailleurs, cette saison continue à explorer la relation de Bobbie avec Chrisjen Avasarala. Cette dernière est plus charismatique que jamais… et éternellement sans filtre, on ne compte plus le nombre de « fuck », malgré son plus haut rang politique.


DANS THE EXPANSE, L’EXPANSION SPATIALE EST POLITIQUE

En passant par le portail spatial ouvert par la protomolécule, une première colonie humaine s’est installée sur une planète habitable du nom de Ilus IV. Les colons, essentiellement des ceinturiens (belters), commencent à surnommer ce nouvel habitat « New Terra ╗. Ce n’est d’ailleurs pas totalement au goût de Chrisjen Avasarala, toujours Secrétaire générale des Nations Unies. Malgré la récente paix généralisée entre terriens, martiens et ceinturiens, elle a le sentiment que le contrôle politique lui échappe sur cette colonie. Traumatisés par tant d’années d’oppression, les colons ceinturiens sont bien décidés à se libérer du contrôle de toute autorité pour fonder leur propre société.

La Secrétaire générale des Nations unies demande à Jim et son équipage de partir sur New Terra pour explorer cette nouvelle planète et comprendre ce qu’il s’y passe. // Source : Amazon Prime
La quête d’indépendance des habitants et habitantes de cette nouvelle planète est au c½ur de l’intrigue politique de cette nouvelle saison. Depuis les débuts de The Expanse, l’expansion de l’humanité semble définie par un principe inécultable de division. On est bien loin d’une Fédération comme dans Star Trek. New Terra n’échappe pas à la règle. L’utopie, le renouveau par l’exploration spatiale, la fondation de nouvelles bases saines ? Pas du tout. L’humanité débarque sur Ilus IV avec ses névroses, ses idéologies, ses divisions en clans, ses individus les plus abjects. Voilà ce que va devoir affronter l’équipage du Rocinante, fraîchement débarqué sur place pour mieux comprendre cette planète.


TOUTE L’ESSENCE DE LA SF

Si cette dimension politique infuse tout le récit, The Expanse ne se limite pas à cela. La série épouse toute l’essence de SF, et même de la Hard SF, ce genre qui n’hésite pas à mobiliser une approche scientifique rigoureuse du monde. L’équipage du Rocinante est chargé de mieux comprendre ce qu’est la forme de vie extraterrestre qui habitait autrefois Ilus IV. Ces aliens ont probablement disparu de la surface de la planète il y a des milliers, voire des millions d’années. Il en reste toutefois de grandes structures fantomatiques. Elles semblent mortes, sauf qu’elles se réveillent régulièrement en libérant des essaims de petits objets tranchants.

L’équipage du Rocinante va explorer ces structures inconnues, faitse de métal et pourtant… peut-être bien vivantes. // Source : Amazon Prime
Au début du second épisode, un nouveau personnage de la série, une brillante scientifique, prononce quelques phrases qui incarnent à elles seules tout l’ADN de la science-fiction spatiale. Alors que Naomi Nagata relève que les essaims sont forcément des machines, car faites de métal, la scientifique répond que « c’est une façon très terrienne de penser les choses ». Et de rajouter que, si la vie sur Terre s’est développée d’une manière spécifique, rien n’empêche qu’une structure métallique, ailleurs, puisse être un organisme.

Les scénaristes de The Expanse ont tout compris à la mission que se donne la SF : explorer la notion d’altérité, mettre en scène la rencontre avec des différences si inimaginables pour l’esprit humain qu’elles bouleversent tous nos a priori et conceptions pré-déterminées sur ce que sont la vie, l’Univers, les relations.


LES EFFETS SPÉCIAUX PARACHÈVENT L’¼UVRE

Si les intrigues politiques et scientifiques de cette saison 4 sont impeccables, The Expanse bénéficie d’un emballage qui parachève son statut de meilleure série SF de la décennie. L’arrivée sur Amazon Prime allonge la durée des épisodes, et il y en a dix. Les effets spéciaux ont toujours été de qualité, même sur Syfy, mais ils montent cette fois encore en gamme, à un niveau où l’on ne voit plus la différence avec un film.

L’atmosphère spatiale de The Expanse est réussie dans les moindres détails. // Source : Amazon Prime
L’atmosphère visuelle de la série a son identité propre, avec un sens du détail dans des environnements grandioses, que ce soit dans l’espace, sur Terre, sur Mars, dans les vaisseaux. Sur la planète Ilus, on oublie aisément que les scènes ont été tournées sur Terre — ce qui n’est pas toujours le cas dans les séries SF.

En bref, il est rare de nos jours de pouvoir dire cela face à l’explosion des séries sur nos écrans, mais cette saison 4 de The Expanse fait un sans faute absolu du début à la fin. Elle confirme aussi qu’une SF pointue peut être grand public. Effets spéciaux, rythme captivant, intrigues politiques fortes, complexité des personnages, exploration scientifique d’une autre planète : tout est rassemblé pour que l’on puisse conclure que cette saison porte la série au rang de chef d’½uvre de la SF sur notre décennie, comme la digne descendante de Battlestar Galactica.