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Un fascisme à la britannique : Oswald Mosley
Tête de proue d’un nationalisme raciste et violent dans les années 1930, « Sir » Mosley réchappa à la Seconde Guerre mondiale pour poursuivre son combat idéologique jusqu’à la fin des années 1970. Qui était donc cette sinistre figure de la politique britannique ?

Oswald Mosley, homme politique et aristocrate britannique, né en 1896 et mort en 1980, est connu pour avoir fondé en 1932 l’Union des fascistes britanniques (British Union of Fascists). Il a commencé sa carrière politique dans les rangs conservateurs avant de devenir travailliste, puis militant d’extrême droite. Il fut d’ailleurs député conservateur de 1918 et 1923, à 22 ans, puis député travailliste de 1926 à 1931.

Durant sa période travailliste, il fit partie du gouvernement de Ramsay MacDonald, où il proposa une politique politiquement autoritaire et économiquement proche des thèses keynésiennes en vue de résorber le chômage provoqué par la Grande dépression. Il démissionna en 1930 pour fonder l’éphémère Nouveau Parti (New Party) en compagnie de quelques députés travaillistes qui le suivirent, publiant un texte, connu sous le titre de Mosley Manifesto (« Manifeste de Mosley »).

Très rapidement, les tendances autoritaires et violentes, ainsi que les défaites électorales, provoquèrent le départ d’une partie des militants.

L’évolution fasciste d’Oswald Mosley fut alors rapide, facilitée par ses positions idéologiques : il soutenait, dès son mandat conservateur, un discours à la fois raciste, impérialiste et étatiste, voire socialisant.

En 1932, il fonda la British Union of Fascists, suite à une rencontre avec Benito Mussolini, suivie, dans la foulée, de la publication d’un nouveau manifeste, Greater Britain (« Une plus grande Grande-Bretagne »). Ce texte exposait les positions idéologiques de Mosley : réforme autoritaire à l’intérieur ; politique économique keynésienne ; un système corporatiste ; un renouvellement des élites, jugées incapables et vieillissantes ; une action vigoureuse en faveur de l’Empire, en lien avec une autarcie impériale. Il développa également un anticommunisme radical.

Mosley reprit dans le même temps le décorum fasciste : le culture du chef ; un uniforme, des chemises noires (les « Black shirts ») ; des parades en uniforme militaire, avec bannières déployées, salut romain, chants et slogans scandés ; la pratique de la violence de rue, avec des groupes paramilitaires ; une revue, La Semaine fasciste qui devint par la suite La Chemise noire ; etc. L’Italie fasciste le finança dans un premier temps, avant l’Allemagne nazie. En effet, l’influence mussolinienne disparut après 1933 au profit de celle d’Hitler, dont il adopta le racisme et l’antisémitisme virulents, qu’il garda jusqu’à la fin de sa vie.

Cette influence fut telle, quoique ses rencontres avec Hitler furent plus épisodiques qu’avec Mussolini, qu’il modifia le nom de son parti en British Union of Fascists and National Socialists…

Le parti se développa alors rapidement : deux ans après sa fondation, il comptait 50 000 membres et attirait notamment des intellectuels, tels que le journaliste Arthur Kenneth Chesterton, extrémiste de droite notoire.

Malgré des démonstrations de violence – les Black Shirts se livrant à des pugilats contre les militants communistes et socialistes ou détruisant les vitrines de magasins Juifs – par ailleurs pas toujours à l’avantage de la British Union of Fascists, Mosley arriva à en donner une image positive, créant des sections dans divers secteurs de la fonction publique, de l’armée ou dans le monde universitaire.

Cela dura jusqu’à la rixe de Cable Street, à Londres, en 1936, dans le quartier de East End, à forte population juive et communiste. Cette violence de rue fut d’ailleurs à l’origine de la loi interdisant le port de l’uniforme en public, les organisations paramilitaires, et soumettant toute manifestation à l’autorisation préalable de la police. Les violences continuèrent malgré tout.

Au fur et mesure de l’avancée vers la guerre, Oswald Mosley et son parti prirent publiquement position pour l’Allemagne nazie, soutenant un pacifisme bruyant, y compris après la déclaration de la guerre. Cet activisme eut pour conséquence en 1940 de voir l’internement des cadres de la British Union of Fascists, dont Mosley lui-même, ainsi que l’interdiction du parti.

L’arrestation de Mosley est alors citée par la presse collaborationniste naissante. Ainsi, L’Europe nouvelle, dans son numéro du 1er juin 1940, y vit un « un grave avertissement » pour le peuple britannique. Il ne fut libéré qu’en 1943, pour des raisons de santé.

Mosley ne reprit l’activisme politique qu’en 1948, en publiant un nouvel ouvrage, L’Alternative, et en s’impliquant dans différents mouvements, dont l’Union Movement (Mouvement de l’Union), fondé la même année, d’idéologie nationaliste-européenne.

Il s’impliqua également dans les différentes tentatives de création d’Internationales néofascistes à l’existence éphémère, tel le Mouvement social européen (dite l’Internationale de Malmö, du nom de la ville de Suède où elle a été fondée) en 1951, et entretint des relations avec différents régimes autoritaires et/ou dictatoriaux hébergeant des vaincus des forces de l’Axe et ses supplétifs collaborationnistes : l’Espagne franquiste, le Portugal salazariste ou l’Argentine de Peron.

Sa pensée avait évolué : il se mit à défendre un nationalisme européen hérité de l’Ordre nouveau européen des nazis ainsi que des réflexions du militant américain Francis Parker Yockey développé dans Imperium (publié la même année), avec qui il mit en place un « Front européen de libération ». Cette Europe devait s’émanciper à la fois des États-Unis et de l’URSS. Il fonda les journaux The National European et The European pour diffuser ces thèses et lança la campagne Europa a Nation. Il prônait aussi une forme de décolonisation, voyant dans l’existence des empires coloniaux un risque de métissage et de dégénérescence raciale.

Dans les années 1960, Mosley collabora d’ailleurs avec le nationaliste européen belge Jean Thiriart, créant en 1962 avec ce dernier un autre éphémère Parti National Européen, cherchant à fédérer plusieurs formations extrémistes de droite européennes de tendance nationaliste-européenne et/ou nationaliste-révolutionnaire : outre l’Union Movement et les Mouvement d’Action Civique et Jeune Europe de Jean Thiriart, ion retrouvait le Deutsch reichspartei allemand et le néofasciste Mouvement Social Italien. La tentative fit long feu, Thiriart évoluant vers une forme de national-communisme et les partis allemand et italien refusant de se fondre entièrement dans la structure…

L’Union Movement vivota jusqu’à sa disparition en 1994, survivant au décès de Mosley en 1980.

Les temps avaient changé : Mosley ne retrouva jamais son influence des années 1930 et ne fit que graviter dans des groupuscules et de pseudo-Internationales de cadres d’extrême droite de second ordre réchappés de la Seconde Guerre mondiale. Néanmoins, il laissa une postérité, en particulier dans les milieux nationalistes-révolutionnaires européens, ainsi que dans ceux du nationalisme blanc anglo-saxon. Ainsi, il est cité plusieurs fois dans le manifeste du terroriste à l’origine des attentats de Christchurch en Nouvelle Zélande, Brenton Tarrant.