“Sex Education”, une énième série pour ados ? Pas seulement, car cette fiction, dont la deuxième saison est actuellement diffusée sur Netflix, met à nu les vicissitudes du désir, chez les jeunes… et les autres. Garanti sans carré blanc !
« La disposition aux perversions est la disposition universelle originelle de la pulsion sexuelle humaine », note Freud dans ses Trois Essais sur la théorie sexuelle. Cette disposition fait le sel de la série britannique Sex Education, dont la seconde saison est diffusée sur Netflix. Elle réunit avec un succès renouvelé une galerie de personnages autour du lycéen Otis Milburn (Asa Butterfield, photo) et de sa mère sexologue, Jean (l’excellente Gillian Anderson). L’adolescent, encore vierge, a établi un cabinet sauvage de thérapie sexuelle dans son établissement avec une camarade brillante et marginale, Maeve Wiley (Emma Mackey). Autour d’eux se greffe une kyrielle de jeunes hommes et de femmes taraudés par « la chose »… et leurs performances. Sous ses dehors de série pour ados, Sex Education n’est jamais caricaturale ni pédagogique. Elle confirme les données de la sociologie – premier partenaire rencontré dans le cadre scolaire autour de 17 ans et premiers ébats au domicile familial – mais ne grandit pas l’amour romantique, mettant l’accent sur les passions mauvaises et les désirs confus. Dispensant ses conseils, le sage personnage d’Otis Milburn, habitué à la cure de parole forcée de sa mère intrusive, pourrait ainsi évoquer un lointain épigone de Wilhelm Reich (1897-1957). En agissant pour l’éducation sexuelle, il remédie bien à sa façon à la « misère » des masses, dont les « pensées pivotent autour de la sexualité » mais qui souffrent « de toutes sortes de phobies, de nervosité, de palpitations ». En revanche, nulle préoccupation politique ne l’habite. Du sexe, il fait surtout un juteux commerce. Succès assuré !