UN PEU DE TOUT... BEAUCOUP DE RIEN
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La Guerre de la Vache
Après une longue série de troubles intestins, de guerres sanglantes, les peuples de la Belgique songeaient à réparer les maux qu'ils entraînent après eux, lorsqu'ils furent obligés de reprendre les armes pour un sujet aussi frivole en soi que funeste dans ses suites.

La ville de Ciney essuya une funeste catastrophe dans la fameuse guerre, si connue dans l'histoire du pays sous le nom de guerre de la vache, parce qu'en effet c'est une vache qui en a été l'origine. Notons que Ciney est la Capitale du Blanc-Bleu Belge, qui n'a rien à voir avec l'histoire ce qui suit. Quoique...

Un paysan de Jallet, village dépendant de la seigneurie de Gosnes, située dans le comté de Namur, avait volé une vache à Rigaud de Corbion, bourgeois de Ciney.
Il se faisait à Andenne un tournoi où le duc de Brabant, le comte de Flandre et les nobles des pays voisins étaient accourus en foule. Ce concours y attira nombre de marchands des environs, parmi lesquels se trouvèrent, et le voleur de la vache, et celui à qui elle avait été enlevée. Le premier l'ayant exposée en vente, l'autre reconnut son bien et alla de suite dénoncer le voleur à Jean de Halloy, bailli de Condroz, qui se trouvait également à Andenne.

Le propriétaire de la vache vint la réclamer auprès du bailli. Le paysan avoua qu'il l'avait volée, celui-ci croyant ne devoir pas laisser impuni un crime commis dans sa juridiction, promit la vie au voleur s'il voulait reconduire la vache dans l'endroit où il l'avait prise. Le criminel obéit, mais lorsqu'il fut sur les terres du Condroz, le bailli le fit arrêter et le fit pendre. Jusque là tout était dans l'ordre. Halloy avait rempli les devoirs de son emploi et l'on ne pouvait lui reprocher que de la mauvaise foi, s'il est bien vrai qu'il eût promis la vie au coupable, afin de l'attirer hors du comté de Namur.
Quoiqu'il en soit, Jean, Seigneur de Gosnes, pour se venger de cet acte de perfidie, attentatoire d'ailleurs à ses droits, porta le ravage dans les campagnes de Ciney, et le bailli, par une cruelle représaille, livra le village de Jallez aux flammes. Les deux frères du seigneur de Gosnes, qui étaient Régnier, seigneur de Beaufort et Richard, seigneur de Falais, accourus à son secours, portèrent le fer et le feu dans le Condroz.
Les Liégeois réunirent toutes leurs forces contre les trois frères, et vinrent mettre le feu au château de Gosnes, et assiéger ceux de Beau-fort et de Falais. Le seigneur de Falais, sentant qu'il ne pourrait résister, recourut à la protection du duc de Brabant, en lui faisant hommage de sa terre, et les deux frères se mirent sous la protection du comte de Namur. Les Liégeois, forcés par le duc de lever le siège de Falais, portèrent la dévastation dans les provinces de Namur, de Luxembourg et de Brabant.

L'évêque de Liège, voyant que Ciney était menacé par le conte de Luxembourg, qui l'avait fait cerner, y envoya un renfort sous la conduite de Robert Forvics, son maréchal, qui parvint à jeter sa troupe dans Ciney par la porte de Dinant. Mais celui-ci, voyant les dispositions menaçantes des assiégeants, qui faisaient dresser d'énormes machines pour renverser les portes et les barrières de la ville (ce n'étaient que des planches attachées à des poutres), prit le parti d'en sortir, alléguant qu'il allait à Dinant chercher un nouveau renfort, avec lequel il promit de revenir le lendemain; mais il ne reparut point, et les malheureux habitants de Ciney, abandonnés à leurs propres forces, après avoir soutenu avec un courage étonnant toute l'attaque des Luxembourgeois , se réfugièrent dans l'église , où les ennemis eurent la cruauté de mettre le feu.

Tout fut livré au pillage , et les vainqueurs, abusant cruellement du droit de la victoire, achevèrent d'assouvir leur fureur en mettant le feu aux maisons, qui furent toutes la proie des flammes.

Ce désastre eut lieu le 18 avril 1276. Ciney fut surpris le 13 mars 1322 par les troupes de Jean I, comte de Namur, qui y entra pendant la nuit. Mais les habitants s'étant réunis au premier signal, opposèrent une si forte résistance aux Namurois, qu'ils les forcèrent de se retirer. La poursuite fut même si vive, que le comte Jean lui-même, ayant été renversé de son cheval, n'échappa à la mort que par le généreux dévouement d'un de ses chevaliers, qui sacrifia sa vie pour sauver son prince. Le comte perdit dans cette affaire 182 hommes, dont 80 furent tués, et 52 pris. Les habitants de Ciney ne les rendirent que pour une grosse somme d'argent, qu'ils employèrent à fortifier leur ville, qui était presque ouverte.

Robert de Forvies, qui n'avait du courage que quand il n'avait pas d'ennemis à combattre, entra dans le comté de Luxembourg, dévasta la prévôté de Poilvache, et réduisit en cendres trente à quarante villages ou hameaux des environs. Telle était la fureur de détruire dans cette malheureuse guerre, que l'on abandonnait la défense de son propre pays pour courir ruiner le pays ennemi.

Les choses étaient en cet état, quand les Dinantais, qui jusque là n'avaient pris aucune part à la guerre, informés que ceux de Namur se préparaient à les attaquer, allèrent au devant d'eux sous la conduite de Jacques de Rochefort, leur avoué. Ils dirigèrent leur marche vers le village de Spontin, où ils rencontrèrent un corps ennemi qui obéissait aux ordres du seigneur de Dave. Les Namurois étant supérieurs en nombre, et les Dinantais trouvant la partie trop inégale , se replièrent sur Dinant. Ils furent poursuivis si chaudement, et serrés de si près, que le seigneur de Dave entra dans la ville avec les fuyards, par la porte du faubourg de Leffe. Un peu de précaution aurait rendu les Namurois maîtres de la cité; mais au lieu de s'assurer de la porte, les premiers qui pénétrèrent dans la ville s'avancèrent si étourdîment qu'ils donnèrent le temps à quelques bourgeois d'abattre la herse, de manière que l'avant garde de ce corps fut renfermée dans l'enceinte des remparts sans pouvoir être secourue. Il en coûta la vie à une centaine de Namurois qui furent tués en cette occasion, avec le seigneur de Dave, pendant que les autres, exposés aux projectiles qu'on leur lançait du haut des murs, eurent assez de peine à regagner les montagnes et à se retirer en désordre (1274).

Cette action fut la dernière de cette sanglante tragédie qui coûta la vie à plus de vingt mille hommes, qui réduisit des populations entières aux abois, et à qui l'on donna le nom de Guerre de la Vache.

L'évêque de Liége, le duc de Brabant et les comtes de Namur et de Luxembourg, ne purent envisager de sang froid ce spectacle d'horreurs. Ils convinrent de choisir pour arbitre de leurs différends le roi de France, Philippe le Hardi, beau-frère du duc Jean, et de s'en rapporter à sa décision. Ce prince ayant examiné le sujet et les suites de cette querelle, jugea sagement que l'unique moyen de la terminer, était de rétablir les choses sur le pied où elles étaient avant les hostilités, sans faire mention de ce qui y avait donné lieu. Il décida qu'on regarderait comme non avenus les dommages que le duc de Brabant et les comtes de Namur et de Luxembourg avaient reçus des seigneurs de la maison de Beaufort, et que ces derniers rentreraient sous l' obéissance de l'évêque de Liége. La paix se fit (1275), mais cette sentence arbitrale ne reçut pas d'exécution, car les sires de Beaufort et de Gosnes, qui surent l'éluder, restèrent soumis au comté de Namur, malgré les plaintes et les protestations des Liégeois...
C'est vraisemblablement suite à cette épisode que Loyers passa dans le Comté de Namur.