Une oeuvre unique, visuellement sublime, mais qui n'est pas forcément ce que vous attendez...
C'est une série bizarre, surprenante, discrète aussi. Pas de la science fiction brute, de la fantasy pure, comme on en a vu si souvent ces derniers temps dans le paysage télévisuel. Conçue à partir des oeuvres de l'artiste suédois Simon Stålenhag, Tales from the Loop est d'abord une promenade féerique, une sorte de rêverie, qui mise moins sur le spectaculaire que sur l'émotion.
La série nous emmène dans une ville étrange, où la population vit au-dessus d'une machine mystique, construite pour déverrouiller et explorer les mystères de l'univers. Elle va provoquer tout un tas de petites histoires chez les individus qui la côtoient. D'où vient-elle ? Comment marche-t-elle ? A quelle époque sommes nous ? Les questions se bousculent mais trouvent rarement des réponses, car Tales from the Loop n'a pas tellement vocation à défricher un vaste univers SF. Ne vous attendez pas à y voir une mythologie méticuleusement déroulée, épisode après épisode.
Non, Tales from the Loop a surtout envie de créer de l'émotion, à l'instar d'un tableau qu'on observerait longuement, en essayant d'en percer les mystères. La série - écrite par Nathaniel Halpern, brillant scénariste de Légion - fonctionne surtout au niveau émotionnel et laisse une vibrante impression. La musique saisissante, frissonnante, de l'immense Philip Glass, qui accompagne chaque somptueux décor, y est pour beaucoup.
Le casting aussi, est à la hauteur de l'expérience. Rebecca Hall est toujours aussi insaisissable, Jonathan Pryce toujours aussi charismatique, et Ato Essandoh (vu dans Altered Carbon) s'avère diablement touchant.
Oui, Tales from the Loop est une belle série, unique, mélancolique, empreinte d'une réelle poésie. Mais c'est aussi une série exigeante, qui peine parfois à donner du sens à ses belles images et à son paysage de science fiction. Une série lente et contemplative qui va certainement diviser. Tel en va finalement de la vie d'une oeuvre d'art.