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Gastronome comme une seiche
Rappelez-vous votre dernier réveillon, ou tout autre dîner festif : un festin vous attendait, avec sa succulente dinde aux marrons, ses fromages et ses desserts alléchants. Ne vous êtes-vous pas, le midi, contenté d’un repas frugal en prévision de ces réjouissances (g)astronomiques ? Eh bien, vous n’êtes pas le seul dans ce cas : les seiches Sepia officinalis se mettent également à la diète lorsqu’elles savent qu’un repas savoureux les attend, comme l’ont montré Pauline Billard, de l’université de Caen Normandie, et ses collègues. Ce qui semble indiquer une capacité à se projeter dans le futur et à contrôler son comportement en conséquence.

La première étape de ces expérimentations fut de déterminer les préférences alimentaires des seiches. Celles-ci consomment une nourriture diversifiée, alternant crustacés, petits poissons et calmars. Pour savoir si elles privilégient certaines proies, les chercheurs ont placé un crabe et une crevette à une distance égale des individus – 19 spécimens en tout. Résultat : les seiches ont systématiquement choisi la crevette, signe que c’est pour elles un mets de choix.

Dans les phases suivantes de l’étude, les chercheurs ont fourni des crabes aux animaux et, parfois, également des crevettes. Ce petit bonus arrivait soit de manière aléatoire, soit de manière régulière – tous les soirs ou tous les deux soirs. Or dans ce dernier cas, les seiches mangeaient moins de crabes pendant la journée, comme si elles se réservaient pour le « dîner ». En outre, lorsqu’elles ne recevaient des crevettes qu’un soir sur deux, elles adaptaient leur stratégie, se gavant de crabes les jours où les dîners étaient maigres et s’économisant lorsqu’un repas de fête les attendait.

Les chercheurs doivent encore effectuer quelques tests complémentaires pour vérifier que les seiches ne suivaient pas leur envie du moment, mais si elle se confirmait, cette capacité de planification représenterait une véritable prouesse cognitive. Elle suppose de mémoriser les informations passées, de s’en servir pour prévoir ce qui va advenir (« Y aura-t-il des crevettes ce soir ? »), et de se retenir d’avaler tout ce qui vous passe sous le tentacule – autrement dit de faire preuve d’inhibition motrice et de maîtrise de soi, ce qui n’est pas toujours facile pour un humain !

Source: http://www.cerveauetpsycho.fr/...