Qui n’a jamais souhaité changer au moins un aspect de sa personnalité ? Par exemple pour s’affirmer un peu plus dans un groupe ou se laisser un peu moins déstabiliser par les épreuves ? Une étude menée par Erica Baranski, de l’université de l’Arizona, et ses collègues confirme que ce type d’objectif est largement partagé, mais indique qu’il vaut alors mieux ne pas compter seulement sur la force de sa volonté.
Les chercheurs ont analysé la personnalité de près de 900 personnes âgées de 19 à 82 ans, grâce au modèle dit du « Big Five », le plus utilisé en psychologie. Ce modèle décompose la personnalité en cinq traits : l’extraversion, le caractère consciencieux, l’agréabilité, l’ouverture à l’expérience et le névrosisme (ou instabilité émotionnelle). Après avoir rempli un questionnaire évaluant ces cinq traits, les participants devaient préciser s’ils essayaient actuellement de faire évoluer un aspect de leur personnalité, et lorsque c’était le cas, préciser ce qu’ils cherchaient à modifier. Six mois ou un an plus tard, leur personnalité était à nouveau mesurée.
Les résultats ont tout d’abord confirmé que le désir de changement est très répandu dans la population. Les participants souhaitaient en particulier devenir plus sociables (une facette de l’extraversion, caractérisée notamment par l’aisance en groupe), plus consciencieux (pour avancer plus vite dans leur travail) et plus stables émotionnellement (pour se sentir moins anxieux et déprimés).
Malheureusement, lors de la seconde campagne de mesure, leur personnalité n’avait pas changé dans le sens désiré... Soit parce qu’elle était restée stable, soit parce qu’elle s’était modifiée d’une autre façon – en particulier chez les étudiants, qui sont dans une période de la vie propice aux évolutions. Ainsi, ceux qui souhaitaient devenir plus extravertis n’avaient pas changé sur ce trait, mais avaient souvent vu leur agréabilité augmenter. Sans doute car en essayant de sortir un peu de leur coquille, ils s’étaient montrés plus amicaux avec les autres.
Changer seul n’a donc rien de simple. D’abord parce qu’on ne sait pas toujours comment s’y prendre, et ensuite parce qu’on a tôt fait de rediriger son énergie vers des objectifs plus tangibles qu’une modification de sa personnalité – réussir un examen, gagner de l’argent… Toutefois, cela ne signifie pas qu’il soit impossible d’évoluer. D’autres travaux montrent en effet qu’une intervention psychologique adaptée ou une psychothérapie le permettent : certains programmes d’entraînement aux compétences émotionnelles (visant à mieux identifier, comprendre et réguler ses émotions) entraînent par exemple une augmentation de l’extraversion et de la stabilité émotionnelle en six semaines. Dans une étude, les participants sont même parvenus à évoluer sans ce type de formation, simplement grâce à un rappel régulier de leurs objectifs.
« Il est prouvé en psychologie clinique que l’accompagnement thérapeutique entraîne un changement de personnalité et de comportement, et il existe des preuves récentes que c’est aussi possible grâce à de simples interactions régulières avec un expérimentateur », résume Erica Baranski. « Mais lorsque les individus sont laissés à eux-mêmes, le changement est moins probable. »
Source:
http://www.cerveauetpsycho.fr/...