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Cinq verbes rares (et irrésistibles) de la langue française
Ils sonnent bien, sont pour la plupart utiles, et surtout, témoignent de la beauté de la langue française. Prenez le terme «mignoter»: ce verbe délicat signifie «traiter délicatement, de façon mignonne, entourer d’attentions, de soins délicats» lit-on dans le CNRTL. «Lanciner», quant à lui, est synonyme d’«obséder, tourmenter (quelqu’un)». Florilège.


Jaspiner

Ce charmant verbe, un terme d’argot, sonne plutôt bien n’est-ce pas? Il est pétillant, léger et surtout, très utile! En effet, lit-on dans Le Trésor de la langue française, «jaspiner» signifie «jaser, bavarder». On le trouve dans Les Beaux Quartiers d’Aragon: «Hé! Pomme de canne! mugit une voix, tu jaspineras plus tard, sers-nous d’abord des bocks!». Il est probablement issu du croisement de «jaser» avec «japiner», à savoir: «japper souvent et peu fort; bavarder ensemble», précise toujours le CNRTL. Sachez, par ailleurs, qu’il existe un substantif: «jaspinage» («action de jaspiner»)!


Naqueter

Imaginez-vous la scène: votre employeur vous somme de le rejoindre dans son bureau. Rien de grave, assure-t-il. «Il faut que nous discutions de quelques dossiers.» Le rendez-vous est fixé à 15 heures. Consciencieux, vous vous y rendez et n’avez pas une minute de retard. Seulement, la porte est fermée. Votre chef est visiblement en réunion, et vous n’osez pas le déranger. Il ne reste plus qu’à pianoter sur votre portable, scruter les couloirs ou l’open-space, sourire aux quelques passants… Et patienter. On peut dire que vous êtes en train de «naqueter». C’est-à-dire «attendre servilement à la porte de quelqu’un», lit-on dans la Ve édition du Dictionnaire de l’Académie française (1798), disponible en ligne. Mais d’où vient ce surprenant verbe? «De Naquet, vieux mot qui signifiait Pauvre valet.»


Trimarder

Ce verbe a plusieurs sens qu’il convient d’énumérer. En effet, «trimarder» signifie d’abord «vagabonder», apprend-on dans Le Trésor de la langue française. Et plus précisément: «se déplacer de ferme en ferme ou de ville en ville pour chercher l’ouvrage». On trouve une première occurrence de ce terme d’argot dès 1628.

«Trimarder» vient de «trimard», c’est-à-dire «route, chemin». Cependant, le thésaurus précise que dans l’argot de la prostitution, «trimarder» peut s’employer au sens de «racoler sur la voie publique». Enfin, il admet une autre définition: le verbe transitif «trimarder» peut être un synonyme de «trimballer». Ainsi peut-on lire dans Voyage au bout de la nuit de Céline, cette phrase: «C’étaient les mères, qui venaient trimarder elles aussi les sacs de palmistes avec leur enfant en fardeau supplémentaire».


Riboter

Certes, le verbe est un peu désuet. On en trouve une première attestation en 1755, relève Le Trésor de la langue française, au sens de «faire la noce, mener joyeuse vie». Il s’est ensuite employé au sens de «mener une vie de débauche». Le thésaurus précise que «riboter» est probablement dérivé de «ribaud», à savoir un «soldat de la garde personnelle de Philippe Auguste qui fut supprimée par Philippe le Bel en raison des abus auxquels elle se livrait», lit-on dans la IXe édition du Dictionnaire de l’Académie française. Ainsi, le «roi des ribauds» fut d’abord le nom donné au chef de cette garde avant de désigner par la suite «l’officier de la maison du roi chargé de la police intérieure du palais ainsi que de la surveillance des maisons de jeu et de prostitution» au cours du XIVe et du XVe siècles.


Écornifler

Voilà un mot qui a voyagé à travers les âges. On note une première attestation d’«écornifler» dès 1440 au sens de «voler en furetant». Puis, en 1580, avec cette définition: «prendre à droite et à gauche». Au XIXe siècle, ce terme familier finit par signifier «se procurer à bon compte, par ruse, en volant», explique Le Trésor de la langue française. Il pouvait également être employé au sens de «manger sans payer». Mais aussi, «érafler, endommager». «Écornifler» est probablement composé du radical du verbe «écorner» («amputer») et du moyen français nifler («renifler»), précise le thésaurus, «avec peut-être une influence du moyen français rifler, “piller”».


Bonus

Hucher : On trouve une première attestation de «hucher», écrit huchier, dès 1135. Il définit alors le fait de «crier, faire connaître quelque chose à haute voix» avant de signifier «appeler quelqu’un d’une voix forte» ou encore, «crier quelque chose à quelqu’un d’une voix forte». Ainsi que nous l’apprenons dans Le Trésor de la langue française, le verbe vient du latin huccare, «appeler», «lequel est peut-être issu d’une onomatopée germanique hukk-». Le mot est employé jusqu’au XVIe siècle, généralement au sens de «crier, appeler». Cependant, «hucher» disparaît au siècle suivant pour ne survivre que «dans des dialectes surtout du Nord et de l’Ouest (Flandre, Picardie, Artois, Bretagne, Vendée), de l’Est (Moselle, Vosges), du Centre (Limousin) et de la Suisse».

Au XIXe et au XXe siècles, «hucher» pouvait s’employer dans le domaine de la chasse au sens d’«appeler (quelqu’un) à haute voix ou en sifflant très fort». L’Académie française donne cet exemple: «Le chasseur huchait ses chiens».