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La fulgurante ascension de Manfred von Richthofen, le baron rouge
Manfred von Richthofen naît le 2 mai 1892 en Silésie dans une famille de la noblesse rurale. Le jeune garçon est un cavalier émérite qui excelle à la chasse, et un casse-cou intrépide. Pour preuve, encore tout jeune, il accroche son mouchoir en haut du clocher de l’église de son village que personne jamais n’osera retirer. Âgé de onze ans, il prend son envol dans une école militaire avant d’intégrer la prestigieuse académie de Berlin-Lichterfelde dont il sort cavalier, avec le grade de Leutnant. Il a intégré le 1errégiment de Uhlans comme officier de cavalerie lorsqu’éclate la guerre en août 1914.

En quelques semaines l’unité de Manfred passe du front russe, à celui de Belgique puis de France où les tranchées se creusent. La guerre s’enterrant, les cavaliers n’ont qu’à mettre pied à terre et remiser leurs montures à l’arrière. Relégué à l’intendance, Richthofen s’ennuie et tue le temps en tirant des sangliers. La frustration le gagne et il le fait savoir à son général par ce message : « Votre Excellence ! Je ne suis pas allé à la guerre pour collecter du fromage et des œufs, mais avec un autre objectif ». Son désir est écouté et exaucé. Un autre gibier l’attend ; on l’envoie en mai 1915 comme observateur dans l’escadrille d’aviation « les Pigeons voyageurs ».

Georg Zeumer, son pilote, instructeur et mentor croit en lui et le motive : « Maintenant va et vole de tes propres ailes »… Richthofen passe son brevet d’observateur et livre son premier combat aérien en septembre comme mitrailleur dans le ciel belge. Retournant en France avec Moritz, le dogue d’Ulm acheté à Ostende qui désormais ne le quitte plus, notre pilote fait la connaissance dans le wagon-restaurant du train d’Oswald Boelcke, un héros qui collectionne déjà quatre victoires à son actif. Une première rencontre déterminante…

Manfred intègre une école de pilotage et est enfin autorisé à voler seul. Il tient le manche de son biplace Albatros sur lequel il fait ses armes et obtient rapidement le monoplace dont il rêve, un Fokker E.I avec lequel il bombarde les dépôts, ponts, gares et routes russes. Si lui et ses camarades s’amusent, ces tirs qui n’ont rien de très glorieux pour un guerrier fougueux comme Richthofen riment vite avec routine.

Le 13 août 1916, un homme va bouleverser les événements et amorcer la carrière foudroyante du futur as des as. Oswald Boelcke qui vient d’être promu capitaine monte une nouvelle escadrille de chasse, le Jasta 2, et cherche des pilotes. Manfred n’ose se porter volontaire malgré son désir de servir celui qui est pour lui un modèle et de retrouver le front de l’Ouest. Il s’endort navré d’avoir laissé passer sa chance et se réveille en sursaut au son d’un frappement de porte. L’as, sur le point de quitter la Russie, est devant lui qui l’invite à le rejoindre : « J’ai failli lui sauter au cou lorsqu’il m’a demandé si j’étais prêt à aller avec lui sur la Somme. Trois jours plus tard je m’asseyais dans le train et voyageais en ligne droite à travers l’Allemagne pour rejoindre le nouveau théâtre de mes activités. Enfin, mon plus grand souhait s’était concrétisé », écrit-il dans ses Mémoires.

Les huit recrues suivent la formation intensive du fameux « dicta Boelcke », huit règles fondamentales du combat aérien encore enseignées de nos jours, et l’appliquent en vol. Bien qu’écourtée par la mort accidentelle d’Oswald Boelcke, percuté par un avion allié dans la confusion d’un combat en octobre 1916, Manfred a bien intégré les préceptes de son maître et décolle du peloton. Le chevalier du ciel multiplie les victoires – l’as anglais Lanoe Hawker comptant parmi ses victimes.

En janvier 1917, bardé de l’ordre pour le Mérite, le jeune prédateur prend le commandement de l’escadrille Jasta 11 à Douai et peint son appareil en rouge. Le chasseur le plus respecté, ou le plus craint selon les camps, est désormais surnommé le « Baron rouge » par ses concitoyens. Il transmet à ses pilotes les préceptes de Boelcke et les encourage à imiter ses propres qualités de précision au tir, de patience et de sang-froid acquises à la chasse, en réprimant fortement les cascadeurs zélés : « Nous avons besoin de pilotes audacieux, pas d'acrobates ».

Son charisme et son talent rayonnent sur ses élèves qui forment rapidement une meute coordonnée aussi redoutable que la célèbre Jasta 2, tandis que ses ennemis qui le nomment le « petit rouge » saluent sa loyauté et sa générosité malgré les lourdes pertes qu’il leur inflige. En avril 1917, Manfred baptise le triplan qu’Anthony Fokker a spécialement conçu pour lui : une arme volante rouge qui sème la terreur dans le ciel français et vaut à cette saison le surnom de « Bloody april ». Les escadrilles américaines et anglaises n’ont qu’un objectif, traquer le périlleux triplan de celui qu’ils appellent désormais le « diable rouge ».

Cloué au sol à la suite d’un tir à la tête en vol, les Allemands souhaitent garder leur héros intact. Ils l’enjoignent de regagner Berlin et le prient de ne plus voler. Le baron rouge refuse et continue d’étoffer son tableau de chasse. Il compte quatre-vingts victoires homologuées lorsqu’une balle traverse l’habitacle de son triplan et vient se loger dans sa poitrine. Dans un ultime effort, le meilleur pilote de la guerre de 14-18 parvient à poser son appareil rouge sans l’endommager, avant de souffler son dernier mot : « kaputt ». L’aigle chute et entre dans la légende.

Les Allemands rendent les honneurs qui lui reviennent à leur héros, symbole national du courage, incarnation d’un esprit chevaleresque, tandis que les ennemis saluent leur « valeureux et estimable ennemi ». Si la carrière de Manfred von Richthofen fut longue à décoller, son ascension fulgurante et son atterrissage violent, le baron rouge demeure le plus noble et le plus engagé des pilotes, forçant l’admiration de tous, au-delà des factions.

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