Le donut a traversé les âges avant de devenir l'une des pâtisseries emblématiques des États-Unis. Des colons européens au personnage de dessin animé Homer Simpson, ce petit bout de pâte frite a fait du chemin, s'éloignant progressivement de sa confection originelle.
Si les beignets existent bel et bien depuis des siècles, par exemple chez les Grecs et les Romains, le cousin du donut tel que nous le connaissons aujourd'hui est plus récent: il aurait voyagé aux États-Unis avec les colons néerlandais. L'ancêtre du donut serait en effet né dans les cuisines hollandaises où, au XVIIe siècle, on cuisinait alors des «olykoeks», des boules de pâte frites et parsemées de fruits secs.
Cette drôle de pâtisserie, qui n'avait pas encore son célèbre trou central, était notamment dégustée à l'occasion des fêtes de Noël. Pour autant, son invention est loin d'être aussi festive qu'elle en a l'air: l'olykoek a vu le jour comme coupe-faim dans les foyers austères, explique la BBC.
Transportée dans la besace des Néerlandais immigrés vers la New Amsterdam, l'ancienne New York, la recette de l'olykoek se répandra petit à petit outre-Atlantique. Mais il faudra attendre les années qui suivront la Révolution américaine pour que la pâtisserie s'impose véritablement dans la toute jeune nation, alors en quête de symboles historiques et nationaux.
Le trou de la discorde
La forme du donut moderne, circulaire et avec un trou bien uniforme en son centre, est encore entourée de mystère. L'apparition de cette perforation fait l'objet de débats opposant légende et bon sens.
Pour beaucoup, le trou central du donut serait attribuable à un certain Hansen Gregory, capitaine de navire de la Nouvelle-Angleterre au milieu du XIXe siècle. Selon la légende, le jeune homme aurait empalé les pâtisseries sur son volant lors d'une tempête pour pouvoir se restaurer et maintenir le cap en même temps.
Une version moins fantasque existe toutefois. Les boules épaisses, comme les olykoeks, ont tendance à ne pas bien cuire en leur c½ur, ce qui aurait pu pousser les cuisiniers à innover. Leurs expérimentations les auraient mis sur la voie des donuts, dont le trou permet une cuisson uniforme de la pâte.
Quoi qu'il en soit, il faudra attendre le XXe siècle pour que le donut devienne un véritable symbole national aux États-Unis. Un statut renforcé lors de la Première Guerre mondiale, pendant laquelle les salutistes américaines, également appelées «Donut Girls» (puis «Donut Dollies» lors de la Seconde Guerre), distribuaient les fameux gâteaux frits aux soldats de l'armée. En 1920, la première machine à donuts automatisée inventée par Adolph Levitt, un immigrant juif russe, finit d'implanter définitivement cette mythique pâtisserie dans le paysage américain.