Quand Louis-Henri de Montespan épouse Françoise de Rochechouart, c'est le grand amour. Ils sont désargentés mais heureux ... ils ne font qu’un, se nourrissant l'un de l'autre. C'est l'alchimie parfaite.
Mais cet amour exclusif, finit par lasser quelque peu Françoise qui rêve de danses, de fêtes et de salons où elle pourrait briller. Son mari pressent ses soupirs et regards tournés vers la cour.
Lorsque sa grande beauté et son statut de femme mariée lui permettent de devenir dame de compagnie de la reine, Louis-Henri, presse sa femme d'accepter.
Grande erreur, car Françoise, enfile ses grandes robes, ses jolies perruques, prend le nom d'Athénaïs et entre dans la valse. Elle s'enivre du succès de ses pamphlets de sa grâce et de ses charmes, qui ne tardent pas à éblouir le monarque Louis XIV à qui nulle femme ne se doit de résister.
Louis-Henri, au lieu de se féliciter, comme tout "bon mari", de sa bonne fortune, presse sa Françoise de tout laisser tomber et de s'enfuir avec lui. Mais Athénaïs est déjà bien loin de son mari.
Blessé et furieux, il repeint en noir son carrosse, orne le toit du véhicule d'énormes ramures de cerfs et fait rajouter des cornes sur ses armoiries.
Il refuse les honneurs et les fortunes alors qu’il traîne une meute de créanciers derrière lui.
Les provocations incessantes de Louis-Henri font scandale à la cour et tout le monde, du bourgeois aux gens du peuple, se gausse de lui.
Qu'à cela ne tienne, Louis-Henri se vautre dans la luxure pour attraper la plus honteuse des maladies et projette de violer sa femme pour qu'elle la refile au roi.
Louis-Henri navigue de projets en projets à chaque fois plus fous que le précédent n'ayant un tête qu'un seul but : récupérer sa femme. Le roi agacé, finira par le jeter en prison, puis l'exilera sur ses terres, en Champagne.
Là, nouvelle provocation : il organise en grande pompe les obsèques de son amour. Tombe vide, qu'il fleurira chaque année.
Cette histoire de cocu magnifique, qui reprend reprend vie sous la plume de Jean Teulé, est à la fois touchante, terrible et très drôle. L’écrivain dresse un portrait sans complaisance du roi Soleil et de sa cour. Comme à son habitude, Teulé verse même souvent dans l’inconvenant et le scabreux mais, il faut bien l’avouer, c’est pour notre plus grand plaisir. Le récit oscille sans cesse de la tragédie à la comédie et ce récit du calvaire d’un « petit » noble désargenté qui refuse son royal cocufiage et par là même plutôt que de se faire une situation enviable en fermant les yeux s’expose au courroux de Louis XIV, nous émeut profondément tout en nous distrayant grâce à la plume alerte et ironique de Jean Teulé.
Le calvaire de Louis-Henri de Parpaillan de Gondrin, marquis de Montespan est très bien rendu, sa descente aux enfers, partagée par le lecteur mais il faut confesser que l’on prend un sacré plaisir à lire ce bouquin gaillard, grivois et même parfois grossier.
« Le Montespan » est un roman drôle et sympathique. A l 'instar du marquis éconduit, il est plein de souffle, d'enthousiasme, de foi, d'humour, d'insolence, aussi. C'est un roman grivois, qui flirte avec la vulgarité en prenant bien soin de n'y jamais sombrer. Jean Teulé n'a d'autre but que de divertir en s'amusant.