Tout espace de discussion sur le web génère autour de lui un écosystème. On y trouve toujours un ou plusieurs « admins », quelques vétérans arrivés les premiers dans la communauté qui trouvent que « c’était mieux avant », des « newbies » invariablement renvoyés sans ménagement vers la fonction recherche ou la FAQ, un petit groupe dont l’occupation principale est de critiquer les modérateurs de la communauté, etc… Tous ces archétypes se retrouvent à travers le web mondial, sous divers sobriquets.
Mais il en est un plus célèbre : le Troll. Il dispose d’un super-pouvoir : faire dégénérer les discussions. L’ordre des Trolls comptent plusieurs espèces que l’on peut diviser en deux grandes familles, les Trolls conscients et les Trolls inconscients.
Ces derniers sont les moins dangereux, leur principale caractéristique étant de poser une question jugée idiote par les habitants. Un rappel à l’ordre ou une explication des usages de la maison suffit en général à les « détrolliser ».
La famille des Trolls conscients est elle plus coriace à combattre. Stratégie : publier des messages censés « hameçonner » les membres d’une communauté. L’étymologie communément admise du Troll vient de l’anglais trolling, une méthode de pêche à la traîne.
Objectif : réduire en cendres une discussion, voire une communauté. Leurs assauts sont déterminés, ils ne connaissent ni la peur, ni la fatigue. A l’heure actuelle, une seule méthode est universellement approuvée : il faut les affamer. « Don’t feed the trolls », dit l’adage du web. De la même façon qu’il ne faut pas donner de cacahuètes aux singes dans les zoos et qu’il ne faut pas donner à manger aux Mogwais après minuit, il ne faut pas donner de nourriture au troll. C'est-à-dire, sur le web, ne pas lui répondre. Ni pour lui dire qu’il a tort, qu’il est bête ou de mauvaise foi, ni même pour lui expliquer qu’il soulève une question intéressante mais qu’il pourrait y mettre les formes…
La grande majorité des Trolls sont des bestiaux solitaires et nomades. Mais certains se sont rassemblés en meutes, avec parfois de subtiles man½uvres. L’un d’eux peut jouer le troll bête et méchant, et son partenaire faire semblant d’être un chasseur de trolls dont l’objectif caché est en réalité de démultiplier le potentiel de discorde de son partenaire.
On raconte que certains Trolls tiennent des tableaux de chasse. On peut imaginer que leur barème est a peu de choses près celui-ci: 1 point pour avoir attiré contre soi les réactions déchaînées d'un membre. 2 pts pour les réactions de la majorité des utilisateurs. 3 pts pour avoir provoqué la discorde entre deux utilisateurs. 4 pts pour avoir semé la zizanie générale. 5 pts pour avoir déclenché une guerre entre les habitants de deux blogs/forums/communautés grâce à des liens croisés. 10 pts pour avoir provoqué directement l'implosion totale d'une communauté et sa disparition définitive.
Par extension, un troll désigne aussi tout message mal intentionné d’un internaute-troll. Certains sont des classiques (Mac ou PC, Nintendo ou Sega, puis Nintendo ou Sony ou Microsoft, point Godwin), aisément identifiables. D’autres sont mieux camouflés. Certains trolls maîtrisent ainsi la technique du « troll furtif », que les participants vont alors « nourrir » de bonne foi sans l’avoir démasqué.