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La prostitution dans la Rome antique
La prostitution romaine, avant d’être la prostitution publique ou commerciale, était à son origine la prostitution hospitalière des Etrusques et autres aborigènes d’Italie et la prostitution sacrée ou religieuse. La première était une tradition qui donnait la possibilité au mari de laisser à disposition d’un visiteur sa femme ou sa fille.Vraisemblablement, cette coutume permettait de constituer une partie de la dot de la fille en vue de son mariage. La deuxième faisait partie intégrante de la religion.

Rapport avec la religion

La prostitution et la religion étaient liées, d’abord parce que la première forme de débauche fut la prostitution sacrée, où les prêtresses offraient leurs corps aux désirs des hommes en échange que ceux-ci acceptent de verser quelques pièces sur l’autel. Rome célébrait également des fêtes en l’honneur des prostituées célèbres : Acca Laurentia, qui n’est autre que la louve symbolique qui allaita Rémus et Romulus. Elle donna également le nom de louves aux courtisanes (elle traînait dans les bois) et sa maison fut appelée Lupanar. En l’honneur de leur mère, Rémus et Romulus instituèrent les Lupercales, qui par pudeur, devinrent par après la fête consacrée à Pan. Flora, déesse des fleurs, n’était autre qu’une prostituée qui fit don de sa fortune au sénat, qui par remerciement fêtèrent son nom, mais par pudeur, elle devint la déesse des fleurs. Cependant malgré ce changement, les courtisanes restaient à l’honneur dans les rites, car lors des six jours de fêtes, elles avaient coutume de se rassembler dans le Cirque et d’y organiser des orgies indécentes. Certains cultes de Vénus avaient des liens avec la prostitution, d’ailleurs les courtisanes avaient l’habitude d’offrir perruques, argent à la divinité. Par contre on n’autorisait aucun acte sexuel dans ses temples, ainsi les prostituées exerçaient à l’extérieur, tout comme certaines fêtes honteuses où on représentait les actes sexuels de la déesse. A certains dieux comme Mutinus (un ersatz de Priape) la prostitution sacrée était symbolique, les jeunes mariées s’asseyaient sur une statue assise en érection, et pour le prix de leur virginité, Mutinus leur offrait la fécondité. Certains cultes étaient mêmes des excuses à la débauche, celui d’Isis par exemple. Tout comme ses prêtres gagnaient leur argent par proxénétisme, les temples d’Isis vivaient par le commerce du sexe : chambres louées aux couples, lieux de rencontre etc. Les courtisanes vouaient également un culte à Bacchus, buvant en compagnie de libertins du vin dans des coupes en forme de phallus, se travestissant et autres joyeusetés. La religion et l’autorité publique fermaient la plupart du temps les yeux sur ces excès, premièrement car les dons des courtisanes aux temples étaient un revenu non-négligeable et que les Romains, mêmes si on détruisait les temples consacrés, s’empressaient de les reconstruire.

Introduction de la prostitution publique dans Rome

Bien qu’on note la présence d’Acca Laurentia et Flora, la prostitution publique à la fondation de Rome est quasi inexistante, à peine peut-on noter la présence de quelques étrangères. Les causes sont le manque de femmes, les Sabines enlevées trouvèrent chacune époux, leur interdisant ainsi le métier. D’autre part la volonté des premiers Rois de garder des m½urs correctes dans la ville (ce qui explique la censure des Lupercales et des Florales).
En fait, la première forme de prostitution fut la punition dite de l’âne, réservée aux femmes adultères, où après avoir été humiliée publiquement, la femme condamnée se voyait en état de mort civil, et n’était plus que jouet sexuel pour les hommes désirant en profiter. Cependant au fur et à mesure, il y eut de plus en plus de femmes dans Rome, souvent étrangères ou esclaves, qui n’avaient pas à craindre la loi sur l’adultère puisqu’elles n’étaient pas concernées. Elles exercèrent ainsi leur métier sans même que l’état les reconnaisse. Il faudra attendre le règne d’Auguste pour que la première définition de la prostitution apparaisse et ses réglementations. Celles qui avaient le droit de se prostituer étaient les veuves, affranchies, esclaves. Elles devaient cependant accepter la note d’infamie et le principe de la mort civil, héritage que récupérerait leur descendance également. Les femmes libres, qui désiraient se prostituer, recevaient le licentia stupri de la part de l’édile, un brevet de débauche qui entraînait sa mort civil, qu’elle ne pourra plus jamais racheter. L’Empire Romain courrait de plus en plus vite vers la débauche totale, malgré les lois, les m½urs se perdaient. Les lois se multipliaient, mais elles ne faisaient que réguler la débauche, et non la réprimer. Mais rien n’y fait, mêmes les femmes nobles n’hésitaient pas à tromper et à se déguiser pour se prostituer.
Il faudra attendre la venue de la religion chrétienne pour que les Empereurs se mettent à réprimer la prostitution publique.

Nomenclature de la prostitution romaine

Bien qu’il y ait des ressemblances entre la prostitution romaine et grecque, les Romains se distinguaient par leur vulgarité, ils considéraient la prostitution comme du sexe pur, et se moquaient éperdument de l’éducation des filles. Le Romain avait également pris l’habitude de désigner les prostituées par des noms divers. Les meretrices étaient celles qui vendaient leur corps la nuit seulement, tandis que les prostibulae pratiquaient leur honteux métier nuit et jour. Egalement les meretrices étaient, bien qu’en état de mort civil, plutôt bien vues, tandis que les prostibulae incarnaient la prostituée vulgaire. Ces dernières ne respectaient pas la loi (ne versaient pas l’argent qu’elles devaient à la république) alors que les meretrices se pliaient volontiers aux directives des édiles et des lois. Les prostibulae étaient en vrac les filles de carrefour (alicariae) ou de soldats, celles qui travaillaient dans les lieux peu recommandés comme les subures, des femmes soûles et dépravées (blitae).
Les meretrices, femmes qui pouvaient être fières de coucher avec les chevaliers et riches, se réservaient d’ailleurs le droit de refuser les moins fortunés. Mais les plus fameuses étaient les lupae, qui rendaient hommage à Acca Laurentia, car elles se prenaient pour des louves dans les bois, imitant des aboiements pour attirer les chalands. Elles furent si renommées, qu’on prit l’habitude de nommer toutes les courtisanes par Lupae.
Une catégorie à part concernait les danseuses ou joueuses d’instruments. Elles diffèrent principalement car la prostitution n’est pas leur principal fond de commerce, souvent étrangères car les citoyens romains appréciaient l’exotisme de leur danse. Ces femmes au double-emploi étaient très demandées lors des soirées, et étroitement surveillées par les édiles, qui n’hésitaient pas à les exiler quand ils constataient le double-emploi.
Evidemment la vulgarité des Romains ne se limitaient pas aux femmes, car on trouvait également la prostitution masculine, elle était infiniment plus débauchée que son homologue féminine, où des hommes dès leur plus jeune âge étaient voués à une existence malheureuse. Souvent on les rendait eunuques, pire on pratiquait la castration totale, car les clients désiraient voir les charmes féminins chez l’homme. Le phénomène de pédérastie n’était pas à ignorer, vu le nombre impressionnant de jeunes adolescents.
Le dernier rouage de cette machinerie était les proxénètes, souvent des affranchis, nommés leno pour les hommes et lena pour les femmes. Ils tenaient les divers lupanars et autres lieux de débauche … Ce marché fut tellement lucratif, que les Romains libres, malgré l’interdiction légale, exerçaient bien souvent cette activité, car ils la cachaient derrière leur occupation de tavernier, barbiers, boulangers. Les leno possédaient également des personnes chargées (conductones ou admissarii) de la réclame autour du lupanar. Au service des leno, on pouvait noter la présence de moult personnes s’occupant de tâches essentielles : toilette des individus, vente de rafraîchissements etc.

Comment reconnaître la prostituée ?

La prostituée avaient des caractéristiques bien précises dans le but qu’on ne la confonde pas avec une femme libre dans la rue. En effet les Romains avaient le droit, comme avec les esclaves, de les insulter, de glisser une caresse, il fallait évidemment que ces actes répugnants ne soient pas administrés à une bonne matrone, acte condamné par la mort. Ainsi la prostituée portait une perruque blonde, une stola de couleur jaune d’½uf, cette dernière était également plus courte que celles des matrones libres. Et enfin, elles n’avaient pas le droit d’attacher leurs cheveux à la manière des matrones. Dans le lupanar par contre, elles étaient à peu près de libre de s’habiller selon leur envie. En ce lieu, chacune des prostituées possédait un petit écriteau où elles indiquaient leur nom, leur âge et surtout leur prix.

Lieux dédiés à la prostitution

Les plus connus sont sans doute les lupanars, ancêtres directs des maisons closes. C’était en ce lieu que se prostituaient la majorité des filles, sous la direction d’un leno. Ils étaient situés aux coins de forte affluence de la ville : casernes, cirques… Ce bâtiment était subdivisé en différentes chambres, où la prostituée attendait son client. Le luxe de ce lieu dépendait de son implantation, exécrable dans les suburres, où la chambre se suffisait par un tas de paille tandis qu’il était élégant dans les zones favorisées : fontaines… L’intérieur était agrémenté de diverses fresques érotiques et d’un phallus omniprésent. A côté de chaque chambre était présent un écriteau spécifiant la nature de la prostituée, son nom et également son prix.
Mais les Lupanars n’étaient pas les seuls endroits dédiés à la prostitution, les tavernes, auberges, thermes abritaient elles-aussi ce commerce, il n’était pas rare que la serveuse dans une taverne fasse partie du menu, ou que la masseuse possède bien plus de talent qu’elle ne veuille le montrer aux premiers abords. Les voûtes des cirques ou toute autre structure qui pouvait offrir un semblant de chambre, servirent également à abriter ces couples éphémères.

La prostitution et l’argent

En général, la location d’une prostituée était plutôt bon marché, la fourchette de prix variant entre 2 as et 12 as, bien que les prostituées de luxe n’hésitaient pas à faire payer le prix fort, capable de demander plusieurs milliers d’as. Evidemment le prix est proportionnel à la "qualité de la marchandise", la beauté a un prix quoiqu’on en dise. La virginité de la prostituée faisait également monter très haut les enchères, et à chaque défloration, le leno organisait une petite fête. Cependant les prix restaient abordables, d’abord par la rude concurrence entre les lupanars, et aussi parce qu’au fond, une prostituée, équivalent à un objet sexuel, n’avait pas beaucoup de valeur aux yeux des Romains.
Notons une curiosité dans le système monétaire romain : à partir du règne Tibère, il va être interdit d’utiliser de la monnaie portant l’effigie de l’Empereur dans les lieux de débauche. Inévitablement, cela va toucher les lupanars et le moyen de payer les prostituées. On va donc mettre en place une monnaie spéciale, la spintriae, frappée de positions sexuelles explicites et à l’autre face de la valeur de cette pièce. Elle avait également pour but d’éviter que la prostituée ne reverse pas entièrement ce qu’elle devait au leno, en effet elle ne pouvait utiliser cette pièce dans le cadre de dépenses conventionnelles, il lui était alors inutile de ne pas tout remettre à son proxénète. Ces pièces disparaîtront sous la direction de Domitien.

Personnages célèbres

Outre Acca Laurentia et Flora, les Romains connurent d’autres personnages très liés à la
prostitution. La plus connue étant la femme de l’empereur Claude, Messaline, qui éprouvait le désir curieux de vouloir se livrer, la nuit tombée, aux hommes les plus méprisants de Rome, pour le prix d’une croûte de pain, ainsi elle reçut le surnom de la Pute Impériale.
Bien que d’autres d’empereurs comme Néron et Commode furent corrompus par le vice, Héliogabale détenait la palme de la débauche. Surnommé Empereur hermaphrodite, pour son goût de se travestir, pas simplement en femme, mais également en courtisane. Il était amateur d’orgies dantesques, dilapidaient le trésor romain pour son amour envers les prostituées, qui n’hésitaient pas à le séduire pour bénéficier de ses faveurs.